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AVERROÈS.

be, une Histoire ecclésiastique depuis le commencement du monde jusqu’à son temps, quelques anciens Grammairiens, un Dictionnaire grec et latin, des Notes sur Claudien[1], etc. On ne sait ce que ces ouvrages sont devenus. Pour comprendre qu’il ait pu suffire à tant d’écrits, il faut qu’on sache qu’il commençait à étudier dès la pointe du jour, et que souvent il se remettait à l’étude un peu après souper jusqu’à minuit[2]. Comme il a rompu la glace à ceux qui ont travaillé sur les antiquités de Bavière [3], il ne faut pas s’étonner qu’ils aient trouvé des fautes dans ses Annales[4]. Il en trouverait beaucoup plus dans les leurs, s’ils lui avaient fourni les avances qu’il leur a fournies. Lambecius l’a repris en beaucoup de choses[5].

(K) M. Moréri a mal réussi dans cet article. ] 1°. Que dans la première édition il ait parlé d’Aventin sous la lettre I, c’est une faute pardonnable, mais la rechute lui doit être reprochée. Il ne pouvait pas ignorer que tout le monde se plaignait qu’il eût placé les hommes illustres suivant le nom de baptême. Pourquoi n’a-t-on pas ôté ce sujet de plainte dans les éditions suivantes ? 2°. Aventin est né l’an 1466, et non pas l’an 1460. 3°. Ayant une fois fait cette faute, il ne fallait pas donner soixante-huit ans de vie à Aventin mourant l’année 1534. Il fallait mentir encore une fois, en le faisant vivre septante-quatre ans ; et, pour n’avoir pas ajouté ce second mensonge au premier, on a commis une très-lourde bévue : on a prétendu que depuis l’année 1460, jusqu’à l’année 1534, il n’y a que soixante-huit années. 4°. Il n’est pas vrai que Nicolas Gesner ait donné au public les Annales d’Aventin. Il fallait dire Nicolas Cisner [6]. 5°. Ce serait parler très-improprement que de dire que Nicolas Cisner a publié ces Annales avec des additions ; car, manifestement, cela voudrait dire qu’il y aurait ajouté certaines choses de son fonds et de son crû. Or, c’est ce qu’il n’a point fait. Son travail revient à ceci : il a publié ces Annales sur un manuscrit d’Aventin qui n’avait point été châtré ; de sorte que son édition est plus ample que celle de Ziéglérus, parce qu’elle contient tous les endroits que Ziéglérus avait supprimés. Les paroles de Vossius, qui ont fait broncher Moréri, n’auraient pas trompé un homme attentif ; elles insinuent assez clairement que Cisner ne fit autre chose que restituer à Aventin ce qu’on lui avait ôté : Annales Bojorum libris vii reliquit : quos ex authenticis codd. restituit et auxit Nicolaus Cisnerus[7]. Vossius a un peu tort de n’avoir pas touché quelque chose de l’édition mutilée : s’il en eût parlé, ce que je viens de citer eût été plus clair. 6°. Un prêtre, qui l’est autant que M. Moréri, soutient un étrange personnage, lorsqu’il qualifie considérables les additions de Nicolas Cisner ; car ces additions ne consistent qu’en invectives contre les papes et contre le clergé romain. 7°. Les autres pièces qu’Aventin laissa ne sont point celles dont les sentimens ne semblaient pas bien orthodoxes au cardinal Baronius. C’est contre les Annales de Bavière que ce cardinal s’est fort fâché. 8° : Il ne fallait point citer Baronius, T. IX anni A. C. 772[8] ; car cela signifie que Baronius a consacré pour le moins neuf tomes à la seule année 772.

  1. Voyez Gesner, Biblioth., folio 386.
  2. Zieglerus, in ejus Vitâ.
  3. Conringius, apud Magirum Eponymolog. critic., pag. 90.
  4. Brunnerus, dans ses Annales de Bavière, le critique souvent. Voyez Zeiller, de Histor., pag. 13.
  5. Lambec., Commentar. Biblioth. Caæsar., lib. II, cap. I, II. Vide Magiri Eponymol., pag. 91.
  6. Dans l’édition de Hollande on a dit Nicolas Gesner.
  7. Vossius, de Hist. Latinis, pag. 655.
  8. Vossius, l’unique auteur que Moréri ait consulté touchant Aventin, le pouvait si bien préserver d’erreur ; car il cite ex T. IX. ad annum 772.

AVERROÈS [a], l’un des plus subtils philosophes qui aient paru entre les Arabes, était de Cordoue [b], et a fleuri au XIIe. siècle (A). Il eut un extrême atta-

  1. Voyez tous ses noms dans la remarque (C).
  2. Dans le Lindenius renovatus, on dit faussement que Cordoue est une ville d’Arabie.