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AVENTIN.

basse naissance, fils d’un cabaretier d’Abensperg dans la Bavière (B). Il étudia premièrement à Ingolstad, et puis dans l’université de Paris, sous Jacques le Fèvre d’Étaples, et sous Josse Clictou. Étant retourné en Allemagne, l’an 1503, il s’arrêta quelque temps à Vienne, où il enseigna en chambre l’éloquence et la poésie. Il s’en alla en Pologne l’an 1507, et enseigna publiquement la grammaire grecque dans Cracovie. Il revint en Allemagne, et passa quelque temps à Ratisbonne, d’où il se transporta à Ingolstad l’an 1509, et y expliqua quelques livres de Cicéron. Comme il passait pour fort habile homme, on le fit venir à Munich l’an 1512, afin d’être précepteur du prince Louis et du prince Ernest [a]. Il voyagea avec le dernier de ces deux princes [b]. Après cela, il entreprit de composer les Annales de Bavière (C), et y fut encouragé par les espérances que les ducs de ce nom lui donnèrent de fournir aux frais. Il n’oublia rien pour répondre là-dessus à l’attente de ses maîtres : il consulta le mieux qu’il put les archives d’Allemagne, et il s’appliqua tout entier à cet ouvrage. Il n’a point perdu sa peine, car il s’est acquis par-là beaucoup de réputation. Il reçut en 1529 un affront qui lui causa un chagrin dont il fut rongé tout le reste de sa vie. On le tira par force du logis de sa sœur à Abensperg, et on le mit en prison. Personne n’a jamais su au vrai le sujet d’une telle violence, que l’on aurait poussée plus loin, si le duc de Bavière n’eût pris ce savant personnage sous sa protection. La mélancolie indomptable qui accompagnait Aventin depuis ce temps-là, bien loin de lui faire prendre la résolution de continuer à vivre dans le célibat, comme il y avait vécu jusqu’à l’âge de soixante-quatre ans, le poussa peut-être à songer au mariage. Cette nouvelle passion ne fut pas si forte qu’elle ne lui laissât la liberté de consulter la Sainte Écriture et ses amis sur ce qu’il avait à faire. Il ne trouvait que des conseils remplis de beaucoup d’incertitude (D) ; c’est pourquoi il fallut qu’il donnât lui-même la résolution de ce problème, et il conclut pour le mariage (E). Il ne fut plus question que de chercher un parti, et il eut l’imprudence de s’en rapporter à une vieille rusée qui le trompa vilainement (F) ; car elle lui amena une femme du pays de Suabe, qui avait trois grandes imperfections, une femme, dis-je, pauvre, laide, et chagrine, qui lui donna lieu de faire bien des expériences (G). Il loua une maison à Ratisbonne depuis ses noces, et puis il fut attiré à Ingolstad en 1533 pour y être précepteur du fils d’un conseiller du duc de Bavière [c]. Il y voulut transporter sa femme ; et pour cet effet, il fit un voyage à Ratisbonne, pendant les fêtes de Noël ; mais il y arriva atteint de la maladie dont il mourut le 9 de janvier 1534, âgé de soixante-huit ans. Il ne laissa qu’une fille, qui n’a-

  1. Ils étaient fils d’Albert-le-Sage, duc de Bavière.
  2. Voyez l’Histoire de Bavière du sieur le Blanc, tom. III, pag. 414, 415.
  3. Leonardus ab Eck.