Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T02.djvu/524

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
514
AUBERTIN.

fleurs, dans la musique, etc. Un des fils de M. Aubertin a été ministre d’Amiens.

(A) Il n’a fait, à proprement parler, qu’un livre. ] Car l’essai qu’il donna sur saint Augustin [* 1], pour montrer que les sentimens de ce père, touchant l’Eucharistie, n’étaient point conformes à ceux de l’église romane, mais à ceux des protestans[1], ne doit être regardé que comme un petit avant-coureur du livre qu’il publia in-folio, l’an 1633. Je dis cela après le docte Blondel. Augustinum quem obtorto collo in partes trahere conabatur Perronius, abducenti fortiter extorsit, vindicatumque in Dei castra feliciter reduxit. Hoc insigni virtutis specimine dato, et tirocinio, ut sic dicam, posito, de patrum universorum causâ asserendâ seriò cogitans, antiquæ ecclesiæ Eucharistiam nobis accuratiore studio repræsentavit [2]. Je n’ai jamais vu les Observations qu’il fit pour l’amour de M. l’abbé de Marolles, sur un livre de M. de la Milletière, qui le pressait de répondre à des questions difficiles ; mais on m’a dit que c’est un ouvrage de 226 pages, qui fut imprimé l’an 1648, et qui regarde la controverse de l’Eucharistie. M. l’abbé de Marolles en fait mention dans la liste des présens qu’il a reçus des auteurs.

(B) Les agens du clergé de France l’attaquèrent au conseil du roi. ] Ils exposèrent dans leur requête, que maître Edme Aubertin, ministre de la religion prétendue réformée à Charenton, avait fait imprimer un livre, où il prenait qualité de pasteur de l’église réformée de Paris, et adressait sa Préface aux fidèles de l’église réformée dudit Paris, et qu’en l’approbation de ce livre, les autres ministres de Charenton prenaient qualité de pasteurs des églises de l’Île-de-France, Champagne et pays Chartrain, et en leurs seings se qualifiaient de Maistrezat et Drelincourt, pasteurs de l’église réformée de Paris, et Dallié [3] ministre du saint évangile de ladite église. Les mêmes agens se plaignirent de ce que les cardinaux Bellarmin et Duperron avaient été appelés adversaires de l’Église dans le titre de l’ouvrage. Le roi ordonna qu’Aubertin fût pris au corps, et amené ès prisons du Fort-l’Evesque, si pris et appréhendé pouvoit estre ; sinon, qu’il seroit crié à trois briefs jours, ses biens saisis et annottez suivant l’ordonnance, pour lui estre son procès fait et parfait, et que lesdits Maistrezat, Drelincourt et Dallié seroient adjournez à comparoir en personnes pour estre ouïs et interrogez sur les faits mentionnez en la requeste. Sa Majesté enjoignit aux ministres et autres faisant profession de la religion prétendue réformée, de prendre la qualité à eux attribuée par les édicts et non autre, avec défenses d’appeler les catholiques adversaires de l’Église[4]. Cet arrêt fut donné au conseil privé du roi, le 14 de juillet 1633[5]. L’auteur de l’Histoire de l’Édit de Nantes nous apprend[6] que cette affaire, qui fit beaucoup de bruit et peu d’effet, se termina presque aussitôt qu’elle fut née, et ne produisit pour cette fois, que des défenses verbales[7]. Il ajoute que le livre n’en fut que plus recherché, et que le succès encouragea son auteur à le revoir, à le grossir, et à traiter cette matière à fond dans un gros volume latin, qui n’a vu le jour qu’après sa mort, et que les docteurs catholiques non suspects n’ont jamais osé réfuter pied à pied.

(C) Il eut sujet d’être content du succès de son ouvrage. ] Nous venons de voir ce qu’en a jugé l’auteur de l’Histoire de l’Édit de Nantes. Il n’a

  1. * Cet Essai, dit Leclerc, est un gros livre et la première édition du livre imprimé en 1633. Cette première édition est intitulée : Conformité de la créance de l’église et de saint Augustin sur le sacrement de Eucharistie opposée à la réfutation des cardinaux du Perron, Bellarmin et autres, divisée en trois livres, 1626, in-8o. de 42 et 516 pages.
  1. Ce livre fut imprimé l’an 1626, et a pour titre : Conformité de la créance de l’église avec celle de saint Augustin sur le sacrement de l’Eucharistie. Il contient plus de 500 pag., in-8o.
  2. David Blondellus, in Præf. libri Albertini de Eucharistiâ.
  3. Ils copiaient mal les noms de Mestrezat et Daillé.
  4. Voyez la remarque (B) de l’article de Bochart (Matthieu), à la fin.
  5. Il est dans le Recueil des arrêts obtenus pour les affaires du clergé durant l’agence et à la poursuite des sieurs abbé de Paimpont et prieur de Moustiers.
  6. Tome II, pag. 534.
  7. Cela ne doit point s’entendre des défenses contenues dans l’arrêt du 14 juillet 1633.