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ARSÉNIUS.

point né lorsqu’on envoya Arsénius à Théodose, pour instruire Arcadius ; il ne songe pas qu’Honorius, étant plus jeune de neuf ans que son frère, n’était guère propre à assister aux leçons qu’on faisait à Arcadius pendant la vie de Théodose. Remarquez bien cette circonstance, puisque Matthias n’ignorait point qu’Arsénius s’évada avant la mort de cet empereur ; car il remarque que Théodose le fit chercher soigneusement. Il cite le chapitre XXII du IVe. livre de Socrate, où l’on ne trouve quoi que ce soit de ce qu’il a débité. Il ajoute qu’Arcadius, après la mort de son père, apprit où était Arsénius, et lui fit demander pardon de ce qui s’était passé, et sa sainte bénédiction. M. Doujat, entraîné par le torrent, associe Honorius à Arcadius [1]. Charles Étienne n’a connu notre Arsénius que sous la qualité de patrice : il ne lui fait point quitter la cour, mais son simple patrimoine, pour l’envoyer dans un couvent, en vertu d’une voix tombée des nues, qui lui ordonnait la fuite, le silence et le repos. M. Hofman n’a joint à cela que la charge de précepteur d’Arcadius. M. Lloyd a supprimé tout l’article. Notez que Nicephore fils de Calliste assure que Théodose donna Arsène pour précepteur à ses fils [2].

  1. Arsenius, non ille Arcadii et Honorii præceptor. Doujacii Prænotiones Canon., p. 429.
  2. Nicephor. Hist. Ecclesiast., lib. XII, cap. XXIII.

ARSÉNIUS, patriarche de Constantinople dans le XIIIe. siècle, était natif de cette ville. Il fut élevé dans un monastère de Nicée, et en fut même supérieur ; mais il renonça à cette charge pour se mieux appliquer à la vie monastique, soit dans les couvens d’Apolloniade, soit dans ceux du Mont Athos. Il fut tiré de cet état en 1255, par l’empereur Théodore Lascaris, qui le fit patriarche de Constantinople. Le même empereur quatre ans après le déclara en mourant l’un des deux tuteurs de Jean son fils. L’autre tuteur était George Muzalon. Celui-ci, témoignant des intentions fort pernicieuses pour le jeune prince, dégoûta si fort Arsémius de son emploi, qu’il fut cause de son retour au couvent. Mais lorsqu’en 1261 les Grecs eurent regagné Constantinople sous la conduite de Michel Paléologue, Arsénius y fut appelé pour reprendre le patriarcat, et en occuper le siége duquel les patriarches avaient été exclus pendant plus de cinquante ans. L’année d’après, l’empereur Michel Paléologue fit crever les yeux à Jean Lascaris, fils de l’empereur Théodore. Arsénius, indigné d’un traitement si barbare fait à son pupille, excommunia Michel qui, pour repousser ses foudres ecclésiastiques, convoqua un concile, et, sous de fausses accusations, y fit déposer Arsénius, et le relégua dans l’île de Proconnèse. Il vécut long-temps dans cet exil ; mais on ne trouve pas précisément en quelle année il mourut. C’était un homme de bien, mais tout-à-fait mal propre aux affaires [a]. Il est auteur (A).

  1. Tiré de Cave, Historia litteraria Scriptor. Eccles., pag. 725.

(A) Il est auteur. ] Il a fait un Nomo-Canon, ou un Recueil de canons, divisé en CXLI titres, à chacun desquels il ajoute quelques points, ou quelques chefs des lois impériales. On l’a inséré en grec et en latin dans la Bibliothéque du droit canonique publiée par MM. Justel et Voel. On a aussi le Testament d’Arsénius, publié en grec et en latin par M. Cotelier, dans le tome II de ses Monumens de l’église grecque [1].

  1. Cave, Hist. litter., pag. 726. Doujatii Prænot. Con., pag. 429.