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ANTÉSIGNAN.

la dernière main [a]. Je ne sais ce qu’on fera de ces manuscrits : je voudrais qu’on les publiât.

  1. Mercure Galant du mois de janvier 1694. Voyez aussi le Journal des Savans, du 8 février 1694, pag. 157.

(A) Il était près de donner une seconde édition de son Histoire généalogique de la maison de France, etc. ] Il avait publié cette histoire avec celle des grands officiers de la couronne, l’an 1674, en deux volumes in-4°. On avait déjà vu de lui un gros livre intitulé : Le Palais de l’honneur, ou les Généalogies historiques des illustres maisons de France, et de plusieurs nobles familles de l’Europe. Cet ouvrage fut imprimé à Paris, l’an 1668. On y trouve des abrégés d’une infinité de choses concernant le blason, le sacre des rois, les entrées solennelles, les baptêmes des enfans de France, les obsèques des rois, les ordres militaires, etc. Il n’y avait pas autant de dégagement dans ce gros volume, que dans les deux qui le suivirent. Ils ont tous besoin d’une nouvelle édition revue, corrigée, et augmentée : mais il est certain qu’ils ont été d’un grand usage, et qu’on ne saurait comprendre toute la peine qu’il a fallu que ce bon religieux se suit donnée pour ramasser tant de noms, tant de mariages, tant d’enfantemens, et tant de dates. On a beau faire, si la nature nous incline à certaines choses, on n’en guérit pas sous le froc. Le père Anselme était né pour les recherches généalogiques : le peu de rapport qu’elles ont avec le genre de vie auquel il s’était voué n’empêcha pas qu’il ne suivît son penchant. Un de ses confrères, mais qui n’était pas déchaussé, courait nuit et jour après les découvertes géographiques [1] : c’était son naturel ; l’habit d’augustin ne le changeait pas.

  1. Le père Lubin. Il mourut à Paris, le 7 de mars 1695. Voyez son éloge dans le Journal les Savans du 28 de mars 1695.

ANTÉSIGNAN (Pierre), natif, si je ne me trompe, de Rabasteins (A), petite ville de Languedoc, au diocèse d’Albi, a été l’un des meilleurs grammairiens du XVIe. siècle. Il prit tellement à cœur son métier, qu’il aima mieux se rendre utile à la jeunesse en s’attachant à l’explication des choses qui embarrassent la première entrée des études, que de chercher de la gloire par l’explication des grandes difficultés (B). Il ne laissa pas d’acquérir assez de réputation, pour s’attirer les morsures de l’envie (C). Ce qu’il publia sur Térence nous doit convaincre que c’était l’homme du monde le plus patient au travail (D). Je crois qu’il enseigna long-temps dans Lyon [* 1]. L’épître de son Térence est datée de cette ville, en août 1556 [a]. Il l’adresse aux trois frères qu’il enseignait. Sa Grammaire de la langue Grecque a été imprimée plusieurs fois. Il entendait assez bien l’hébreu [b] pour mériter une place dans la Gallia Orientalis de Colomiés, et cependant il y a été oublié.

  1. * Leclerc dit qu’il y enseignait encore en 1560.
  1. Idibus Augusti.
  2. Il écrivit en cette langue une lettre à Pierre Costus, qui a été imprimée. Voyez l’Épitome de Gesner.

(A) Natif, si je ne me trompe, de Rabasteins. ] Ce qui me le fait croire est l’épithète Rapistagnensis qu’il se donne à la tête de ses ouvrages. Je ne trouve point de ville qui puisse mieux donner ce surnom que celle de Rabasteins ; car on la nomme en latin Rapistanum, où Rapistagnum [1]. Je m’imagine que les imprimeurs ont fait une faute dans l’endroit où Papyre Masson a parlé de cette ville : ils ont mis Rupistagni incolis, au lieu de Rapistagni incolis [2]. Les trois raves,

  1. Catel l’assure dans la page 356 de ses Mémoires de l’histoire de Languedoc. M. Baudrand a parlé de cette ville sous Rapistanum.
  2. À la page 490 du Descriptio Fluminum Galliæ, édition de Paris, en 1685.