un complot contre Néron, et il se tua lui-même l’an de Rome 819. Il fut d’autant moins regretté, qu’on se souvenait qu’il avait révélé à Caligula une conspiration qui se tramait contre sa vie [a]. Les consulats furent fréquens dans cette famille, depuis le règne de Dioclétien, et l’on n’avait jamais vu deux frères exercer le consulat ensemble, avant l’année de Jésus-Christ 395, que Probinus et Olybrius furent consuls. Ils étaient fils de Probus, dont nous parlerons en son lieu ; et ils descendaient d’Anicius, le premier grand seigneur de Rome qui embrassa le christianisme (B). Les biens immenses de cette maison l’exposaient à la médisance, comme je le ferai voir en parlant de Probus. Les bénédictins prétendent que le fondateur de leur ordre était de la famille des Anicius ; et l’on a vu des livres où ils ont tâché de montrer que l’auguste maison d’Autriche en est aussi descendue. Richard Streinnius a écrit contre cette fable. Son livre est intitulé Anti-Anicien. Il n’a jamais été imprimé : il est seulement en manuscrit dans la bibliothéque de l’empereur [b]. Nous toucherons quelque chose d’assez curieux concernant le sujet de cet ouvrage (C).
(A) Il ne mit qu’un mois à conquérir l’Illyrie. ] Il n’était encore jamais arrivé à Rome que l’on eût plus tôt appris la fin que le commencement d’une guerre. Cependant il fallut dans celle-ci prendre la très-forte place de Scodra. Le bon succès fut si entier, que le prince qu’on avait à combattre tomba avec sa mère, sa femme, ses enfans, son frère et tous les principaux de son état entre les mains d’Anicius, et qu’on fit un butin très-considérable. Voici comment Tite-Live en parle : Anicius bello Illyrico intra triginta dies perfecto nuncium victoriæ Perpennam Romam misit et post dies paucos Gentium regem ipsum cum parente, conjuge ac liberis ac fratre aliisque principibus Illyricorum. Hoc unum bellum priùs perpetratum quàm cœptum Romæ auditum est [1]. Hoc bellum, dit Florus [2], antè fénitum est, quàm geri Romæ nunciaretur. Ces prisonniers de qualité ne furent qu’une partie des ornemens du triomphe : les richesses et les dépouilles transportées d’Illyrie, et les libéralités qu’on fit aux soldats, le rendirent très-considérable. Le général reçut plus de louanges de son armée, que Paul-Émile, qui avait triomphé peu auparavant, n’en avait reçu de la sienne : Lætior hunc triumphum est secutus miles, multisque dux ipse carminibus celebratus [3]. M. Lloyd observe que le consul de l’an 593 est le fils du vainqueur de Gentius ; mais il ne cite personne.
(D) Un Anicius fut le premier grand seigneur romain qui embrasse le christianisme. ] Je n’en ai point d’autre preuve que ces paroles de Prudence :
Fertur enim ante alios generosus Anicius urbis
Inlustrâsse caput [4].
Baronius conjecture que ce poëte a
voulu parler d’Anicius Julianus, qui
fut consul l’an 322. Lloyd, beaucoup
plus décisif, assure, sans rien citer,
qu’Anicius Julianus fut le premier sénateur
romain qui embrassa l’Évangile,
comme Flavius Constantin fut le
premier empereur romain qui l’embrassa ;
et que de là vint qu’ensuite
presque tous les empereurs prirent le
surnom de Flavius et presque tous les
sénateurs le surnom d’Anicius. Je demanderais
volontiers des preuves de
tout ceci. Si la conjecture de Baronius
était véritable, il faudrait comparer
Anicius Julianus avec ce seigneur
français, qui se fit baptiser le pre-