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ANDRINOPLE.

que. Cùm Faustum dico, multa tibi [1] succurrunt quæ nolim litteris committere. Quâ petulantiâ solitus est ille in theologorum ordinem debacchari ? Quàm non casta erat illius professio ? Neque cuiquam obscurum erat qualis esset vita. Tantum malorum Galli doctrinæ hominis condonabant, quæ tamen ultra mediocritatem non admodùm erat progressa[2]. Voyez la différence de style entre les lettres qu’Érasme écrivait à Andrelin, et celles qu’il écrivait à d’autres touchant Andrelin. Il est même vrai qu’il parle de lui quelquefois avec éloge dans les lettres qu’il écrivit à d’autres[3].

(G) Je donnerai... les corrections qui m’ont été indiquées, etc. ] Voici mot pour mot les remarques que M. de la Monnoie a bien voulu me communiquer : « 1°. Au lieu de P. Faustus, il fallait mettre tout au long Publius Faustus, de peur qu’on ne s’imagine que ce P. signifie Petrus, Paulus, ou tel autre nom de baptême. Faustus prit vraisemblablement à Rome ce nom de Publius, à l’exemple de ces académiciens amateurs de l’antiquité, desquels Pomponius Lætus était le chef. 2°. On ne doit point dire dans un Dictionnaire que Faustus ait simplement été professeur en poésie dans l’université de Paris. Il y enseigna, non-seulement la poésie, mais aussi la rhétorique et la sphère. Il y expliqua même les Psaumes de David. 3°. Ce fut à Rome, long-temps avant le règne de Louis XII, que Faustus, qui n’avait pas alors vingt-deux ans, remporta la couronne de laurier[4]. Ses vers amoureux, divisés en quatre livres, intitulés Livia, du nom de sa maîtresse, furent trouvés si beaux par l’Académie romaine, qu’elle adjugea le prix de l’élégie latine à leur auteur sur les autres poëtes ses concurrens. C’est de là, que faisant imprimer sa Livie, in-4o, à Paris, l’an 1490, et ses trois livres d’élégies, quatre ans après, en la même ville, il prit droit de s’intituler Poëta laureatus, joignant depuis à cette qualité celle de Regius et de Regineus, par rapport à Charles VIII, à Louis XII, et à la reine Anne. 4°. Pour trouver le compte des trente années qu’il y avait que Faustus était professeur à Paris, il faut supposer qu’Érasme faisait cette supputation l’an 1517. On remonte par ce moyen jusqu’en 1487, qui est le temps à peu près de établissement de Faustus à Paris. Cette chronologie est d’autant plus véritable, qu’il y eut en 1517 une édition des Adages d’Érasme[5], de laquelle il fait mention dans Chœnici ne insideas. 5°. Les distiques de Faustus ne passent pas le nombre de deux cents, et ne font par conséquent qu’une très-petite partie de ses poésies ; puisqu’outre les quatre livres d’amour et les trois livres d’élégies mêlées, dont j’ai parlé, il y a douze églogues de lui, imprimées in-8o., l’an 1546, dans le Recueil des XXXVIII poëtes bucoliques publié par Oporin. Faustus promettait plusieurs autres pièces en prose et en vers : Decem Satiras morales ; Epistolas centum ; Christianum Adventum, qui est peut-être la même chose que ce qu’il appelle ailleurs Opus de verâ Religione ; Sphæricum Dialogum ; Repertorium sive Observationes Linguæ latinæ ».

Ce qui manquait à mon article d’Andrelin y aurait été assurément, si j’avais eu les Œuvres de cet auteur ; mais n’ayant pu m’en servir, je fus obligé de suivre des gens qui avaient parlé de lui sans les avoir consultées : et voilà comment des aveugles conduisent d’autres aveugles. C’est un grand malheur, quand on fait un dictionnaire tel que celui-ci, que de n’avoir pas tous les livres nécessaires ; mais c’est un malheur qu’il m’est impossible de détourner dans la situation où je suis.

  1. Il écrit à Louis Vivès.
  2. Erasm., Epist. XX, lib. XXI, pag. 1090.
  3. Voyez la remarque (E).
  4. Ceci tombe sur Léandre Alberti, que j’ai cité.
  5. La faute d’Érasme consiste, comme je l’ai observé dans la remarque (A), en ce qu’il ne changea point la chronologie dans les éditions postérieures.

ANDRINOPLE, ville de Thrace. Elle doit son nom à la folie de l’empereur Hadrien. M. Moréri touche cela, et y met un grand désordre (A). Quelques-uns