ARISTOTE, nommé ordinairement le prince des philosophes, ou le philosophe par excellence, a été le fondateur d’une secte qui a surpassé, et qui enfin a englouti toutes les autres[1]. Ce n’est pas qu’elle n’ait eu ses revers et ses infortunes, et qu’en ce siècle XVII surtout, on ne l’ait violemment secouée[2] ; mais les théologiens catholiques d’un côté, et les théologiens protestans de l’autre, ont couru comme au feu à son secours, et se sont tellement fortifiés du bras séculier contre les nouveaux philosophes, qu’il n’y a point d’apparence qu’elle perde de long-temps sa domination. M. Moréri trouva tant de beaux matériaux dans un ouvrage du père Rapin[3], qu’il donna un fort long article d’Aristote, et fort capable de me dispenser de mettre la main à cette matière. Aussi n’ai-je pas dessein de m’y étendre autant qu’elle le pourrait souffrir, et je me contenterai même de ne produire dans les remarques qu’une partie des erreurs que j’ai recueillies concernant ce philosophe. Je pense en avoir trouvé quelques-unes dans la narration du père Rapin (A). Ce n’est pas un fait certain qu’Aristote ait exercé la pharmacie dans Athènes, pendant qu’il était disciple de Platon[4] ; mais on n’est pas non plus certain qu’il ne l’y ait pas exercée. On doit
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ARISTOTE
