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Charpy pense que la constriction par le corset ne paraît pas suffisante à elle seule pour abaisser le foie et si parfois on trouve cet organe au-dessous des côtes, c’est que l’abaissement est compliqué d’antéversion et d’allongement vertical du viscère et que ce déplacement n’est rendu possible que par la détension abdominale qui accompagne la constriction. Et il ajoute que « l’intestin grêle prolabé, le côlon transverse vide, l’estomac plus ou moins disloqué ne fournissent plus au foie le coussin élastique qui le maintenait en place. Il fuit du côté de la moindre résistance. »

Quoi qu’il en soit, nous rangeant du côté de la majorité des observateurs, nous disons que l’influence pathogénique du corset ne saurait être contestée, car celui-ci marque son action non seulement en déformant l’organe mais encore en lui imprimant des marques profondes et indélébiles connues sous le nom de sillons du foie, parfaitement étudiés aujourd’hui. Ces sillons sont, du reste, en rapport avec le degré de déformation de l’organe, que ce soit le foie plat, linguiforme, en dôme (Charpy) ou globuleux. On les rencontre fréquemment dans les autopsies et l’amphithéâtre en a donné bien des exemples. La production de ces sillons ne dépend point tant du degré de constriction que de sa durée. Ainsi Leue, qui a étudié à fond la question, donne les chiffres suivants, d’après la statistique d’autopsies de l’Institut pathologique de Kiel :

Âge 16-20 21-30 31-40 41-50 51-60
Nombre d’autopsies 89 277 247 213 168
Fréquence des sillons 2 12 32 51 53
Pourcentage 2,1 4,3 12,9 23,9 31,5

Ce qui montre que la fréquence augmente avec l’âge, et cela s’explique par le fait que ce qui n’était en premier lieu qu’une empreinte, qui aurait pu disparaître si la constriction avait cessé, devient un sillon profond si la compression persiste, comme c’est le cas ordinaire.

En quoi consistent ces sillons, ils sont de deux sortes : sillons