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et qu’elles sont réputées bonnes nourrices ». (La Sardaigne, 1891.)

Nous avons dit que dans un torse bien cambré et bien redressé la surface d’appui offerte par la poitrine est suffisante bien souvent pour maintenir dans la rectitude un sein normal. Est-ce la seule raison ? Dans quelques dissections minutieuses de ces régions, faites avec notre ami le docteur Vincens, aide d’anatomie à la Faculté de Bordeaux, nous avons pu nous rendre compte qu’un nombre plus ou moins considérable, mais toujours notable, de fibres musculaires venant du peaucier du cou couraient dans le tissu cellulaire, sous la peau englobant tout l’hémisphère supérieur du sein. N’y a-t-il point là un élément naturel et contractile capable dans une certaine mesure d’apporter sa part de soutien ? Testut signale chez une jeune personne un développement exagéré du peaucier qui faisait relever sa glande mammaire en le contractant. Et ces modestes fibres capables d’une action plus encore modeste, mais certainement existante, ne suivent-elles point la grande loi de physiologie : la fonction crée l’organe ? Si cela est, le corset, par son action brutale et énergique, ne doit-il pas supprimer l’un et l’autre ? Nous avons cru devoir fixer quelque peu l’attention sur ce point, sans vouloir toutefois accorder une bien grande place à ce phénomène d’ordre secondaire, mais qui n’en existe pas moins.

Nous venons d’examiner le rôle du corset quand il soutient le sein et son action se borne presque toute à des changements de forme et de maintien. Mais il n’en est plus de même quand le corset va maintenir, c’est-à-dire comprimer. Il va remplir à ce moment un vrai rôle pathologique.

Tout d’abord, dans les mouvements de flexion et de latéralité, le busc situé plus ou moins haut entre les seins les contond ; et notons que si, actuellement, le busc des corsets modernes s’arrête depuis quelques années assez bas, uniformément, il n’en reste pas moins vrai que leur hauteur est relative au volume des seins ; tel sein exigu et haut placé sera à peine effleuré par le busc, qui viendra heurter cet autre sein volumineux et bas. La gêne ressentie va être une cause d’irritation