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Si le corset agit directement sur les seins en ralentissant l’activité de la peau et en provoquant des pressions mal dirigées, il agit tout aussi bien indirectement sur leur maintien. Chez la femme sans corset on voit le torse se cambrer, le thorax se redresser, les fausses côtes s’écarter, si bien que les seins reposent sur une surface moins déclive et cet appui naturel est presque toujours largement suffisant : pour les seins trop volumineux une brassière reliée aux épaules les soutiendra ou plutôt les relèvera.

Nous avons déjà parlé du torse des femmes espagnoles comme modèle de sveltesse et de souplesse. Elles ignorent le corset. Les bayadères l’ignorent également ; Larousse a ce sujet dit : « C’est elle (la bayadère), en effet, qui a adopté la mode la plus convenable à la santé et à la fois la plus charmante et la plus voluptueuse. Son corset est fait de l’écorce d’un arbre de Madagascar et disposé de façon que chaque sein s’emboîte exactement dans son enveloppe ; mais écoutez : la couleur ressemble tellement à la peau que l’œil trompé croit voir une gorge nue ; l’étoffe en est si fine que le toucher le plus délicat ne peut distinguer l’enveloppe d’avec la partie qu’elle cache ; enfin l’élasticité dont elle est douée permet aux mouvements respiratoires de s’effectuer librement. Les bayadères ne quittent jamais ce corset, elles le gardent même dans leur lit et conservent ainsi la beauté et la délicatesse de leurs seins jusqu’à un âge très avancé. »

Et, pour les seins volumineux, bien développés, soutenus simplement par une sorte de brassière et dont la beauté ne le cède en rien à la richesse des contours, Gaston Vuillier nous donne un bel exemple : « Le corset des femmes sardes est bien conçu selon les vœux de la nature. Des lacets en retiennent les parties égales et similaires, formant ainsi une sorte de plastron dans le dos, à partir des creux axillaires des bandes s’abaissent en se courbant jusqu’au-dessous des seins qui, par ce fait, sont soutenus et non comprimés. Une chemise légère qui en laisse voir la forme les voile simplement. C’est grâce aux dispositions logiques de leur corset que les seins des femmes sardes, célèbres déjà dans l’antiquité, acquièrent un développement magnifique