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Nous terminerons ce chapitre en disant quelques mots de l’influence du corset sur la glande mammaire et les seins. Nous avons déjà dit dans le chapitre précédent qu’au point de vue des formes extérieures il leur est très préjudiciable en ne les laissant pas à leur place naturelle, en les rapprochant et en les déformant plus ou moins et cela sera d’autant plus facile pour la femme que le véritable but du corset étant de créer des formes artificielles, de simuler là où il n’y a pas et d’atténuer là où il y a de trop, elle pourra à loisir faire subir des modifications à ces organes si facilement maniables.

Et nous ne serons point sur cette question de l’avis de ceux qui, combattant le corset quand il s’agit de compression, le défendent quand il s’agit de soutenir les seins ; attendu que ce rôle peut être rempli par un vêtement tout autre que le corset. Et, du reste, nous dirons avec Mme Gaches-Sarraute que s’il y a beaucoup de femmes dont le ventre a besoin d’un soutien, par contre il n’y a que peu de femmes munies de seins assez volumineux pour qu’il soit indispensable de leur fournir un appui. D’ailleurs ce rôle de soutien est tout à fait illusoire, car la femme qui a de gros seins et qui veut les soutenir avec un corset ne tarde pas à les comprimer, le but est alors infailliblement dépassé ; nous verrons plus loin quels troubles cela peut amener. Si les seins sont normaux, il est alors facile de se rendre compte que dans la plus grande quantité des cas le corset, quoique appliqué sur le thorax, ne soutient pas ces organes ; dans tous les mouvements d’extension et de torsion, le sein est abandonné par son soutien. De plus, le fait d’emprisonner les seins dans des goussets imperméables, soit en raison du tissu employé, soit en raison du capitonnage dont on les remplit, a pour résultat de s’opposer à l’évaporation des sécrétions sudorales, de favoriser l’accumulation de la sueur au-dessous de la glande et, par suite, de déterminer des conditions défavorables au point de vue de l’activité des échanges cutanés et diminuer la vitalité des glandes.