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male du revêtement cutané, qui se ternit alors, prend une teinte sale, plus ou moins rugueuse, avec amaigrissement et atrophie de la paroi.

Après la peau, nous voyons que le tissu cellulaire sous-cutané va pâtir lui aussi, malgré sa laxité et son élasticité, de cette compression.

En effet, de Salle, en 1825, dans le Journal complémentaire des sciences médicales, décrit un trouble dont aucun n’a parlé après lui et dont nous n’avons pu retrouver — est-ce hasard ? — dans nos examens et recherches qu’un seul des symptômes, la douleur. Nous résumons cette note. On voit quelquefois des femmes portant des corsets depuis leur enfance se plaindre d’une douleur sourde occupant le bord des cartilages costaux du côté gauche ; à l’examen, les doigts ont trouvé un gonflement allongé, demi circulaire, accompagné d’un engorgement profond et dur, autour du cartilage des trois dernières vraies côtes et des trois ou quatre premières fausses côtes. La douleur devenait plus forte après les repas et à ce moment-là on eût dit que le tissu cellulaire sous-cutané avait acquis une sorte de propriété érectile. De Salle donne l’explication suivante de ce trouble : Avec le corset les diamètres du thorax se modifient et cette modification se fera surtout sentir aux côtes les plus longues, les dernières vraies et les premières fausses : ce sont celles-là qui seront le plus gênées par l’action du corset. Et ce sera dans le tissu cellulaire sous-cutané ou dans l’épaisseur du derme sous-jacent que va s’effectuer la réaction morbide. La localisation de l’affection au côté gauche s’explique de la façon suivante : C’est que quand l’estomac plusieurs fois par jour se dilate, le point siège de l’affection est comprimé entre deux forces agissant en sens contraire : l’estomac de dedans en dehors, le corset de dehors en dedans. Et l’irritation ainsi produite est parfois telle qu’elle se propage en dedans des cartilages après avoir eu son point de départ dans le tissu cellulaire. De plus, cette compression de la peau entre les côtes et le corset est rendue plus évidente encore par ce fait que sous l’influence de la dilatation de l’estomac le cône thoracique change de forme, les côtes inférieures se relèvent et il y a concentra-