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utilité, c’est quand il s’agit des seins. Là encore, ils n’ont que faiblement raison, et ce qui le prouve largement, du reste, c’est que les corsets d’aujourd’hui abandonnent à peu près ce rôle de soutien-sein : ils laissent ce soin à d’autres vêtements plus souples, plus doux, plus capables qu’eux de remplir ce rôle. Ils ont abandonné le rôle de « soutenir les faibles, maintenir les forts et ramener les égarés ». Car non seulement — et nous le verrons plus loin le corset cause leur aplatissement, leur froissement, leur déformation, leurs excoriations, mais encore il est parfaitement inutile, car, comme dit Butin, « ce n’est pas le corset en tout cas qui les fait naître quand il n’y en a pas et, quand il y en a, il les compromet en ne les laissant pas à leur place naturelle. »

Après avoir voulu aider la nature, les femmes se sont donc occupées de la corriger, et c’est ce qui persiste encore aujourd’hui avec plus de force que jamais. Le corset porte incontestablement atteinte à la beauté du corps en lui imposant une beauté factice et artificielle. Or le Beau doit être vrai avant tout. C’est, comme le dit Platon : « La splendeur du vrai ». Mais nous aurons beau dire aux femmes que la nature est plus belle que l’art de la parure, elles nous répondront par les paroles de Léon Gozlan : « Dieu fit la femme et nous la dame. Si Eve revenait, elle ferait peur et il n’y aurait pas le moindre serpent pour la séduire ; on ne lui offrirait point des pommes, on lui en jetterait ! »