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Enfin le corset empêche les mouvements de latéralité, puisqu’il rend la colonne vertébrale rigide et que ses armatures s’étendent, à la manière des attelles, des côtes aux crêtes iliaques. Cette disposition, qui n’est pas en rapport avec celle du corps humain, diminue la flexion latérale en même temps que la dépression qui existe naturellement à ce niveau. La taille se trouve donc épaissie artificiellement et c’est pour en retrouver la finesse qu’on cintre le corset en avant.

En définitive, nous voyons que le corset tend à faire disparaître l’élégante cambrure postérieure du corps de la femme, en lui en substituant une de convention et en redressant à ce niveau la colonne vertébrale qui doit faire avec le sacrum, sa base nature, un angle obtus en arrière. La courbure normale et régulière de l’abdomen est détruite et, en dépouillant les muscles abdominaux de leur tonicité, transforme celui-ci en une volumineuse et disgracieuse besace. Le corset épaississant la taille accentue encore les déformations produites. Le dos n’échappe pas à la déformation et, partant, à la banne harmonie des lignes. C’est au corset qu’il faut imputer le dos creux, conséquence du faible développement des muscles dorsaux ; nous en avons une preuve dans les maux lombaires dont se plaignent les femmes quand elles quittent leur corset. De là vient aussi le faible développement des hanches et l’aplatissement du dos avec écartement des omoplates et creusement des reins.

Toutes ces actions combinées font que le corps de la femme perd sa souplesse et son élégance. Il se ploie tout d’une pièce au niveau de l’articulation de la hanche avec la grâce d’un jouet anglais.

Combien de nos Françaises dites élégantes voudraient avoir le buste correctement suave, comme disent les artistes, des femmes espagnoles, qui ne portent jamais de grands corsets. Méprisant la beauté raide, toute futile et de convention, beaucoup ont une taille irréprochable, droite comme un jonc, souple comme l’osier et d’une ravissante flexibilité qui donne à leur démarche une grâce spéciale dont le nom « salero » est intraduisible.