Page:Baus - Étude sur le corset.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE II


L’esthétique féminine et le corset

C’est parce que la conception de la Beauté féminine est une chose toute relative qu’elle a si souvent varié, aussi bien dans l’histoire de la littérature que dans celle de la peinture et de la sculpture. Il nous suffit, pour nous en convaincre, de considérer à quelques siècles d’intervalle la puissante Vénus de Milo avec ses 80 centimètres de tour de taille où l’artiste a fixé les contours de la femme élevée librement et la statue de la Danseuse moderne (Cléo de Mérode) de Falguière. Avec la première, nous avons le type parfait de la femme normale, celui où tous les canons sont observés et les observateurs sont d’accord pour conclure à une perfection de lignes et de proportions. Avec la Danseuse de Falguière, c’est le portrait d’une femme moderne, c’est-à-dire artificiellement modelée, quant à la taille surtout, et le canon des proportions nous enseigne que les seins sont mal placés, le ventre trop plat et les cuisses trop grasses.

C’est probablement l’observation de cette courbe gracieuse qui existe normalement et naturellement sur le corps de la femme bien faite, au niveau du rétrécissement de la taille, qui inspira l’idée de la constriction exagérée à l’aide d’un corset. La mode préconisa ardemment cette déformation, oubliant totalement une chose, c’est que la taille fine n’existe pas dans la nature. Et cela nous montre que si, parmi tous les avantages du corps féminin, celui qui passe pour le plus important, c’est la sveltesse de la taille, nous avons encore affaire ici à une fausse