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Ambroise Paré en écrit, dans son livre, les effets désastreux. Il raconte la mort d’une dame de la cour, tombée dans le marasme à la suite de vomissements répétés dus à la pression de l’estomac par les corps de baleine pressant tellement sur les fausses côtes qu’il les trouva, à l’ouverture du corps, chevauchant les unes sur les autres. Et il ajoute que « par trop serrer et comprimer les vertèbres du dos, on les jette hors de leur place, ce qui fait que les filles sont bossues ». Il note enfin le corset comme agent d’avortement.

Et le sage Montaigne, dans ses Essais, s’écrie en se lamentant : « Le corset était une sorte de garni qui emboîtait la poitrine depuis le dessous des seins jusqu’au défaut des côtes et qui finissait en pointe sur le ventre… Pour faire un corps bien espagnolé, quelle géhenne ne souffrent-elles point, guindées et sanglées à tour de grosses coches sur les costées et jusques à la chair vifve, oui, quelquefois à en mourir ! » Et plus loin, il se plaint de l’inconstance du peuple qui, à chaque instant, change de mode « quand il portoit le busc de son pourpoint entre ses mamelles, il soutenoit par de vifves raisons qu’il étoit en son vray lieu ; quelques années après, le voilà avalé jusqu’entre les cuisses. »

Tous font entendre les mêmes reproches et Spiegel, en 1650, signalait comme effet de la compression par les corps à baleine, chez les jeunes filles, les dispositions aux crachements de sang, aux inflammations des viscères thoraciques et, par suite, le développement des maladies de langueur mortelles.

On comprendra du reste, aisément, les véhémentes protestations des hommes autorisés de l’époque lorsqu’on saura que, sous Henri IV, la fureur de la constriction est telle qu’on ajoute au corset des sangles pour l’augmenter, et cela à un tel point que le Parlement d’Aix dut, en 1619, promulguer un édit contre le corset !

Cette mode du corset baleiné, une fois instituée, se continua pendant deux siècles jusqu’à la Révolution où sa disparition fut momentanée, pour reparaître ensuite avec plus de force encore.

À partir de la fin du xvie siècle, le corset devient un objet très