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celles qui ceignaient le ventre. Les premières servaient soit à soutenir les seins, soit à en augmenter ou en diminuer la saillie. C’étaient les fasciæ pectoralis et ses dérivés qui s’appliquaient directement sur la peau. C’était, chez les Grecs, le « mastodeton », bandeau mamillaire qui se plaçait sous les seins quand on voulait ceux-ci proéminents ; le « strophion », ceinture d’or garnie parfois de pierreries que l’on mettait sous les seins et qui se plaçait par-dessus la tunique intérieure ; l’ « esophion » ; l’ « anamakhalister », véritable brassière passant sous les seins et sur les épaules. Il est quelque part dit qu’au temps d’Aristote toute femme grecque soucieuse de sa beauté mettait comme première pièce du vêtement une ceinture ou « apodesme », qui devint plus tard le « stethodesme » (lien des seins). C’étaient de véritable soutiens-gorge.

Chez les Romains, c’étaient la « castula », le « cingulum », le « fasciæ mammillares, le « tænia », bandelettes plus ou moins étroites comprimant ou soutenant les seins.

Le second groupe comprend les ceintures s’appliquant autour de l’abdomen et des hanches. Il a pour type le « zona », ceinture large appliquée autour des hanches, particulièrement affectée aux jeunes filles. Destinée à soutenir le ventre, c’était une sorte de rempart de la pudeur des femmes ; l’époux seul était autorisé à détacher le zona, d’où l’expression « zonam solvere » (prendre femme).

Notons qu’à cette époque la tunique, formant jupe, était liée à la taille par des cordons, par conséquent les ceintures ne serraient pas, ce qui nous éloigne passablement de l’office et des fonctions du corset moderne. Et cette absence de constriction nous explique l’usage que les femmes, grecques ou romaines faisaient de ces ceintures, dont elles se servaient comme poche ; c’est là, en effet, que l’on serrait les choses intimes, les tablettes, les missives, les souvenirs.

Les époques gallo-romaines ne nous ont laissé aucun document sur la question qui nous occupe ; mais, d’après ce que l’on peut voir sur les gravures du temps, on en conclut que les femmes adoptèrent et subirent la mode romaine, qui se continua