Page:Baur - Maurice Scève et la Renaissance lyonnaise, 1906.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 66 —

Castellion, un des rares humanistes de Lyon qui s’étaient décidés pour Calvin, partit pour Strasbourg.

La ruine de la liberté religieuse fut aussi la mort de la poésie de la Renaissance à Lyon. La publication de recueils d’épigrammes latines allait cesser tout d’un coup. Il n’y a plus que Dolet qui résiste avec cet entêtement fameux qui lui a attiré tant d’ennemis ; aussi la prison devint-elle son domicile presque constant et le parti de la réaction ne se reposa point avant d’avoir allumé le bûcher de la place Maubert.

La dispersion des cercles humanistes de Lyon termine aussi une époque de la vie de Scève. Les temps sont passés où il s’est exercé à tourner des épigrammes dans un latin élégant, et il ne recevra plus de savants humanistes des compliments dans cette langue. Il s’adonnera entièrement à la littérature nationale ; décision qui a été facilitée encore par le départ de son cousin Guillaume pour Chambéry, où celui-ci a été nommé conseiller au parlement au mois d’octobre 1539.

chapitre cinquième

RELATIONS AVEC MARGUERITE DE NAVARRE. — LE PLATONISME.

Après les événements racontés plus haut, nous retrouvons pour la première fois le nom de Maurice Scève dans une œuvre littéraire en langue vulgaire. Au mois de septembre 1540[1], le maître de requêtes de Marguerite de Navarre, Charles de Sainte-Marthe, le poète, théologien et réformateur qui eut l’honneur de prononcer l’oraison funèbre de la reine, publia un petit volume de poésies françaises[2]. Quelques unes des épigrammes de ce livre sont adressées à des Lyonnais[3], ce qui prouve que leur

  1. L’épître dédicatoire est datée du 1er  sept. 1540.
  2. La poésie française de Charles de Saincte-Marthe, natif de Fontévrault en Poictou. Divisé en trois livres. Le tout adressé à tresnoble et tresillustre princesse. Madame la Duchesse d’Estampes et Comtesse de Poinctièvre. Plus un livre de ses amis. Imprimé à Lyon chez le Prince 1540.
  3. p. ii : à Pierre Tolet, médecin du grand hospital de Lyon. Sur l’amitié de lui et de Dolet. — p. 33 : à Étienne Dolet. — p. 104 à Maistres et Compagnons de l’imprimerie de Lyon, estans ensemble différents. — p. 157 : à Madame Claude (Claudine ?) Scève ; femme de Monsieur l’Avocat du roy à Lyon. (Probablement une sœur de Maurice, mariée à Matthieu de Vauzelles.)