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Vitae timebo perniciem tuæ
      Vitæ timebis perniciem meæ
      Nil charius tête ipse habebo
      Charius atque nihil me habebis.

Votum saluti ultro faciam tuæ,
      Votum saluti ultro faciès meæ :
      Aeternum ero tibi in medullis.
      Tuque mihi usque eris in medullis.

Quamvis Gades, vel terra remotior
      Incognitum me perferat advenam
      Actu ultimos visas, Britannos
      Postea hyperboreosque saltus.

Votum saluti ultro faciam tuae,
      Votum saluti ultro faciès meæ ;
      Aeternum ero tibi in medullis
      Tuque mihi usque eris in medullis.

Divos rogabo te erigi honoribus :
      Divos rogabis me erigi honoribus,
      Supplex uterque poscet, ævum
      Nestoris assequi utrumque posse.

Dans une épigramme qui suit immédiatement cette ode, Dolet prie Scève de publier ses vers au lieu de les cacher à ses contemporains en négligeant sa renommée. Il s’agit peut-être de vers perdus pour nous, car ni l’Arion ni les Blasons ne méritaient ces compliments, à moins qu’il ne s’agisse de la Délie (publiée en 1544) dont de nombreux dizains existaient déjà à cette époque, ainsi que nous le verrons plus tard.

Étienne Dolet n’est pas le seul humaniste de la société lyonnaise qui ait célébré Maurice Scève ; tous sont unanimes à le louer et il ne semble pas avoir eu d’adversaires.

Jean Visagier[1] est celui des poètes latins de Lyon qui prend à côté de Dolet le plus d’intérêt au développement d’une littérature en langue vulgaire ; il est l’ami de Marot et de Rabelais. On trouve plusieurs de ses épigrammes qui s’adressent tout simplement ad Scœvam, d’autres ad Gulielmum Scœvam, d’autres encore ad Mauricium Scœvam. Or la difficulté est de savoir à qui attribuer celles de la première catégorie. Je crois, sans pouvoir le prouver — le contenu des épigrammes étant trop vague et la vie des deux cousins trop peu connue — qu’ils s’adressent

  1. Revue d’hist. litt. I. p. 530.