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Ce n’est pas dans ces seuls vers que Marot chante la ville de Lyon et les grandes qualités de ses citoyens[1]. Aucune ville de France n’a laissé tant de traces dans l’œuvre de ce poète, aucune n’a joué un rôle si important dans sa vie : Lyon fut en effet la capitale littéraire de la France dans la première moitié du seizième siècle.

Marot passa encore différentes fois par Lyon, mais aucun de ses séjours ne peut être comparé à celui de 1536 ni pour sa durée, ni pour sa splendeur. Il y retourna en 1537 et 1538, il s’y arrêta en interrompant son départ précipité de la France vers la fin de l’année 1543. Nous avons rapporté à son premier séjour toutes les poésies de Marot relatives à Lyon, il se peut bien que l’une ou l’autre ait été composée lors d’un séjour postérieur. Mais ces vers ne donnent aucun indice nous permettant de les dater d’une façon définitive, à l’exception de deux ou trois qui sont certainement de 1536. Quant aux autres, la plus grande probabilité est pour le même séjour, qui fut, nous le répétons, le plus important à tous les points de vue.

Pour terminer l’histoire des relations de Clément Marot avec les Lyonnais, nous avons passé sur un événement qui est de la plus grande importance pour la vie de Maurice Scève, et qui eut lieu dans la même année 1536.

À cette époque, François Ier préparait les campagnes de Piémont et de Provence contre Charles-Quint. Comme d’habitude, il fit de Lyon le centre de ses opérations militaires, ce qui l’obligea à des séjours prolongés dans cette ville ; il y vint une première fois le 17 février, une seconde du 20 mai au 4 août, avec de brèves absences. Il fondait les meilleures espérances sur la nouvelle guerre et il rendit son séjour aussi agréable que possible ; sa cour se plaisait autant que lui dans la ville qui était devenue la seconde capitale. Le roi ne dédaigna pas de fréquenter les salons lyonnais ; si Eustorg de Beaulieu parle de rois et de princes qui étaient à cette époque les habitués du cercle de Madame du Perron, il ne peut être question que de François Ier et de sa famille. Le roi comblait de faveurs les habitants de Lyon, comme

  1. cf. encore un Épigramme de la ville de Lyon.
    On dira ce que l’on vouldra
    Du Lyon et de sa cruauté :
    Toujours ou le sens me fauldra
    J’estimeray sa privauté :
    J’ay trouvé plus d’honnesteté
    Et de noblesse en ce Lyon
    Que n’ay pour avoir fréquenté
    D’autres bestes un million.