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C’est une famille aisée et il semble que ses membres se soient adonnés, depuis une époque assez reculée, à l’étude du droit. En 1498 honorable femme Philiberte Scève, fille du prudent Maître Jean Scève, notaire de Chasseley contracte mariage avec François Garin, marchand de Lyon, à la maison desditz mariés Scève, en présence de Maurice Scève, docteur-ès-lois. C’est le père de notre poète. Il était juge-mage[1] à Lyon, place qu’il résigna en 1517. Il fut élu échevin en 1504 et 1508. En 1515 il fut député par la ville pour porter ses hommages à François Ier à l’occasion de son avènement et pour obtenir confirmation des privilèges de la ville[2]. Il mourut probablement vers 1522.

Les Scève établis à Lyon demeuraient tous dans le quartier de Bourgneuf, un des meilleurs de la ville, situé près de l’église de Saint-Paul, entre la montagne de Fourvière et la Saône. Nous trouvons dans les Nommées de Lyon (espèce de cadastre qui date de 1515) quelques membres de cette famille dont il n’est pas toujours possible de fixer les rapports de parenté. Voici par exemple Pernette Scève, dite capitaine des vaches (sic) qui est propriétaire d’une maison ; Pierre Scève, drapier, dont la maison spacieuse est estimée à une taille de 25 livres par an, et qui possède encore des maisons, vignes, terres et prés dans différentes paroisses du Mont d’Or ; sa nommée est de 182 livres 15 sous. Enfin Maurice Scève, père de notre poète, qui possède outre quelques immeubles de peu d’importance (tels que grange, étable, cour et jardin) deux maisons dont l’une est estimée à 1400 livres ; à Écully, il a une terre à seigle et des bois, à Anse une maison cloze en façon d’un chasteau ou il y a grange dedans et de plus, des terres et des maisons dans plusieurs villages du Mont d’Or. Ses meubles sont taxés mille livres.

La famille de Maurice Scève était donc riche, et même une des plus riches dans cette ville de Lyon où il y avait tant d’abondance. Son père était un grand seigneur, un des plus hauts fonctionnaires de la contrée. Il jouissait de la confiance de ses concitoyens qui le choisirent comme ambassadeur.

  1. Le roy avoit autrefois un juge-mage à Lyon qu’on nommait aussi juge du ressort ; c’était pour connoistre des causes d’appelation de la justice ordinaire à la royale (le P. de Saint-Aubin : Histoire de la ville de Lyon ancienne et moderne. Lyon 1666 in fol. p. 150.)
  2. …après avoir advisé les gens plus commodes et convenables tant de messrs, les conseillers et autres, ont este esleu et retenus Maurice Scève, docteur, Claude Laurencin, sr. de Riverie, me. François Dupré, visconte de Bayeux, Pierre Renouard et Jaques de Baileux… (Guigue, Georges. Entrée de François Ier en la cité de Lyon. Lyon 1899, p. XIII). La circonstance que Scève est cité en premier lieu est une preuve de sa grande autorité. — Dans la même époque, un Jean Scève est conseiller, un Bartélemy Scève une espèce d’agent de la ville.