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noble, il voyagea en France et en Italie. À son retour à Lyon, il transforma son jardin près de l’église Saint-Jean en un vaste musée d’antiquités, se souvenant probablement de la collection que les Médicis avaient amassée dans la cour du Palazzo Riccardi. Il déposait les résultats des recherches qu’il y faisait dans son Lugdunum priscum, manuscrit de la Bibliothèque de la ville de Lyon qui représente un vaste recueil de matériaux. Une lecture de ce livre prouve que Bellièvre apportait beaucoup d’intérêt à la poésie de sa ville natale ; il cite à plusieurs reprises des passages de la Délie de Maurice Scève lequel passait pour autorité parmi les archéologues lyonnais. Il semble que les deux hommes aient été amis ; les mêmes intérêts les réunissaient.

Guillaume du Choul (Caulius) montrait les mêmes penchants ; son érudition était encore plus étendue. De quelques années plus jeune que Bellièvre (il naquit en 1500), il était son voisin et possédait dans son jardin une collection d’épigraphes encore plus riche et un cabinet numismatique très célèbre. Il voyagea en Italie pour approfondir ses connaissances et pour agrandir ses collections[1]. Honoré d’Urfé, Visagier et Goltzius le visitèrent à Lyon pour les admirer, et Étienne Dolet fit en leur honneur une de ses nombreuses digressions dans les Commentaires de la langue latine.

Rappelons encore un troisième archéologue et collectionneur lyonnais, le plus célèbre de tous. Jean Grolier (1479-1565) seigneur d’Aguisi (près de Vérone) était un de ces Italiens à moitié francisés que François Ier aimait à occuper dans la haute diplomatie et dans l’administration de ses provinces italiennes. D’une richesse et d’une libéralité prodigieuses, il fut le Mécène des humanistes français : Guillaume Budé lui dédia son de Asse, Étienne Niger son livre sur la littérature grecque. Il était en relations continues avec Clément VII et les Aide. Dans ses voyages diplomatiques, il cherchait partout des monnaies, des antiquités et des livres, surtout des livres. Sa bibliothèque contenait, autant qu’on a pu la reconstruire, plus de 3000 volumes ; tous dans cette reliure qui en fait l’ornement le plus magnifique des salles d’exposition des grandes bibliothèques. Chaque reliure porte en guise d’ex-libris la devise • Grolierii • et • Amicorum • qui est la meilleure preuve de la munificence de celui qui l’a composée.

  1. Voici la liste de ses ouvrages : Discours sur la castramétation et discipline militaire des anciens Romains, Lyon 1555. — Des bains et antiques exercitations grecques et romaines, 1567, 1581. — Épître consolatrice à Mme. de Chevrière, Lyon 1555. — Discours sur la Religion des anciens Romains, Lyon 1556 (traduit en italien par Simeone Simeoni, en latin par L. Joachim Camerarius, en espagnol par Balthazar Ferez de Castille).