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professeur et étudiant ; et, le plus grand avantage de Lyon à cette époque : la grande liberté de pensée, semblable à celle de Rome Sous Léon X, en contraste avec Paris où la Sorbonne d’un côté, le Parlement de l’autre, allaient tyranniser les esprits et les soumettre aux autorités approuvées de l’Eglise et de l’État.

Il y eut donc bientôt à Lyon un nombre assez considérable d’humanistes. Nous avons déjà mentionné les recteurs du Collège de la Trinité et les plus célèbres des médecins. Vers 1536, les nombreux humanistes qui étaient en partie professeurs au Collège, en partie précepteurs, en partie correcteurs chez les imprimeurs, se mirent à publier des poésies latines qui ont presque toutes le caractère d’une correspondance privée. Ils inaugurent ainsi une deuxième période de la littérature lyonnaise : celle des Humanistes, qui joue un rôle si important dans la vie de Maurice Scève que nous lui consacrerons un chapitre spécial.

Un autre groupe de savants est celui des Archéologues. La ville de Lyon possédait au seizième siècle un nombre beaucoup plus considérable de restes de l’antiquité qu’elle n’en a aujourd’hui, et aussitôt que le goût pour la littérature antique fut éveillé, on s’occupa à expliquer leur signification, et à déchiffrer les inscriptions de l’ancien Lugdunum, à l’aide des historiens anciens qui parlent de l’illustre capitale de la Gaule. Déjà Symphorien Champier aimait à reproduire, dans ses travaux soi-disant historiques, des inscriptions latines pour donner plus de poids à ses assertions. Les grands archéologues lyonnais qui le suivirent dans cette voie, étaient de riches amateurs point gênés dans leurs recherches par le soin du pain quotidien, et qui pouvaient se permettre les dépenses qu’exigent des collections de cette sorte.

Un des premiers fut Pierre de Sala, l’ami de Jehan Perréal (cf. p. 9). Dans sa maison de l’Anticaille, située au milieu des ruines de Lugdunum, il étudia en dilettante et avec une curiosité peu méthodique. Les Antiquités de Lyon[1] sont le fruit de ses études ; c’est un vaste recueil de notes prises dans les voyages et promenades de l’auteur, de copies d’inscriptions, de notes tirées de vieux auteurs et de rondeaux et épitaphes de poètes contemporains (probablement Jean Perréal et Lemaire des Belges). Un savant plus sérieux est Claude de Bellièvre. Né en 1487, fils d’une riche et ancienne famille lyonnaise, il fit comme beaucoup de ses concitoyens des études de droit à Toulouse. Rentré à Lyon après sa promotion au grade de docteur, il devint avocat de la sénéchaussée. De 1523 à 1528 il fut échevin de la ville. Après avoir été pendant plusieurs années procureur général de Gre-

  1. ms. de la Bibl. nat. Fonds français 5447.