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admiration moins par les buts atteints que par la ferveur de ses aspirations.

On comprend aisément que Scève ait écrit à ce moment une œuvre de mélancolie qui parait être la déploration poétique de Pernette du Guillet, bien mieux que ne le sont les deux épitaphes assez conventionnelles et faibles, imprimées avec les Rymes. C’est la Saulsaye, Églogue de la Vie solitaire, publiée en 1547.



chapitre septième

L’ENTRÉE SOLENNELLE DE HENRI II.

Le roi de la Renaissance était mort. Dans ses dernières années, son amour pour les lettres et les beaux-arts avait diminué, toutes ses ambitions politiques avaient échoué ; le corps et le cœur ravagés par la maladie, François Ier s’était fatigué du gouvernement, et la France s’était fatiguée de son roi.

Un nouveau roi — une nouvelle espérance. Les hommes intelligents ne se faisaient pas de grandes illusions sur les talents de Henri II ; mais on se disait qu’il valait toujours mieux que son père dont les accès bilieux des dernières années avaient blessé beaucoup de ses sujets.

Au printemps 1548, une année après son avènement, la nouvelle se répandit que le nouveau roi allait visiter ses provinces de l’Est. Les Lyonnais ne doutèrent pas un moment que le but principal de ce voyage ne fût leur ville, la deuxième capitale et la commune la plus riche du royaume.

Lyon avait, depuis la fin du quinzième siècle, la renommée de fêter les entrées solennelles des rois et d’autres hôtes illustres, avec un faste extraordinaire dont les descriptions nous frappent d’étonnement[1]. On se souvenait encore des réceptions magnifiques faites en 1505 à Louis XII et Anne de Bretagne, en 1515 à François Ier et Claude de France[2], en 1530 aux enfants de France et Éléonore d’Autriche[3].

  1. La relation des Entrées solennelles dans la ville de Lyon des rois, reines princes, princesses, cardinaux et autres grands personnages, de 1389-1750. Lyon, Delaroche 1752.
  2. Guigue, Georges. L’entrée de François Ier en la cité de Lyon. Lyon, Société des Bibliophiles 1899.
  3. La grande et triumphante entrée des Enfants de France et de Madame Aliénor sœur de Lempereur faicte en la ville de Bayonne. Publié à Paris, le 1er  juin MCCCCCXXX Ensemble le triumphe faict à Paris. Aussi celuy qui a esté triumphantement et magnifiquement faict à Lyon… etc. pet. in 4. goth.