Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
RUE PRINCIPALE

droit de chercher à établir la preuve d’un crime qui n’est pas imputé à mon client.

— Possible ! rétorqua Falardeau. Mais j’ai le droit de chercher à prouver qu’au moins une fois, avant le soir de son arrestation, Marcel Lortie avait eu un revolver en sa possession !

C’est à la poursuite que le juge donna raison, et Falardeau se tourna vers le témoin.

— Monsieur Sénécal, dit-il, ne m’avez-vous pas assuré ce matin que vous reconnaîtriez sans aucun doute les mains et le revolver de votre agresseur ?

— Oui monsieur.

— Plus fort, grogna le greffier.

— Adressez-vous au juge, conseilla Falardeau. et parlez plus fort. N’ayez pas peur.

— Oui. Votre Honneur, dit Sénécal à voix plus haute.

— Votre Seigneurie, poursuivit Falardeau, je voudrais demander à l’accusé de s’emparer de l’exhibit numéro un, de s’approcher de la boîte des témoins et de braquer l’arme sur monsieur Sénécal.

— Mais c’est ridicule ! clama Martin. Nous ne sommes ni au cirque ni au cinéma ici !

— Objection rejetée.

Le procureur de la couronne se tourna vers Marcel.

— Approchez-vous !

Du regard, Marcel demanda conseil à son défenseur qui lui fit signe d’obéir. Rapidement il s’empara de l’arme et, sans même attendre que Falardeau l’y invitât, il la braqua sur un Sénécal visiblement mal à l’aise, avec ce canon à quatre pouces de son nez.

— Eh bien, questionna Falardeau, reconnaissez-vous l’arme, reconnaissez-vous les mains ?