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LES LORTIE

— Non c’est moi. Et si tu veux le savoir, monsieur Martin me coûtera moins cher que ce que Lachapelle m’aurait sans doute coûté.

— Il va plaider pour tes beaux yeux, hein ?

— Mes yeux n’ont rien à voir là-dedans. C’est par amitié pour monsieur Lamarre que maître Martin consent à s’occuper de Marcel. C’est tout ce que j’ai à te dire, Bob, parce que c’est tout ce qu’il y a eu.

— Oui tout, à part ce que j’ai vu.

— À part ce que tu as vu ?

— Oui certainement ! Je voulais te laisser parler avant de te le dire, mais je t’ai vue, comprends-tu ? je t’ai vue embrasser Lamarre, espèce de…

— Prends garde à ce que tu dis !

— T’es toujours pas capable de soutenir le contraire ! Je t’ai vue, m’entends-tu ? Vue, ce qui s’appelle vue !

— Tu es assez insultant que je ne devrais même pas te répondre ; mais j’ai pitié de toi, mon pauvre Bob. J’étais tellement heureuse de ce qu’il avait fait pour moi que…

— C’était pas une raison pour l’embrasser ça !

— Mais je l’ai embrassé sur les deux joues, comme en embrasse un…

— Comme on embrasse un frère, hein ?

— Mais oui, mon pauvre Bob. exactement.

— Oui ? Eh bien à partir d’aujourd’hui, tu l’embrasseras comme tu voudras et tant que tu voudras !

— Voyons, tu deviens fou !

— Fou ! Oh ! non. Je l’ai été jusqu’à présent, mais là j’ai cessé de l’être. Tu pourras annoncer la bonne nouvelle à ton Lamarre demain : Bob Gendron t’a assez vue, Ninette Lortie ; assez vue, tu comprends !