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LES LORTIE

— Pas si tard ! Qu’est-ce qu’il te faut ? Comme ça, pendant que moi je l’attends comme un imbécile chez Gaston, mademoiselle va souper puis Dieu sait quoi faire, à Montréal, avec ce crétin de Lamarre !

La voix s’était faite dure, mauvaise. Ninette eut l’impression que Bob avait bu.

— Écoute, Bob, dit-elle, je t’en prie ! Nous n’allons pas nous chicaner dans la rue à cette heure-ci.

— Oh ! on ne se chicanera pas, sois tranquille ! Seulement… seulement j’ai bien l’intention de te dire ce que je pense de ta conduite de ce soir, par exemple !

— Vas-y ! Mais je t’en prie, ne parle pas trop fort. Ça ne regarde pas les voisins… Alors quoi, tu ne dis rien ?

— Il y a des choses que je n’oserais pas dire !

— Charmant !

— Quand je pense que chaque fois que j’ai eu le malheur de ne pas trouver les assiduités de ton boss de mon goût, je me suis fait rire au nez ! Oh ! il n’y avait pas de danger, voyons ! Monsieur Lamarre ! Ça n’empêche qu’aujourd’hui tu t’es pas mal fichue que tu avais rendez-vous avec moi à six heures. C’est pas ça qui t’a empêchée de saprer ton camp avec lui !

— Mais non, Bob, mais non. J’ai essayé de t’appeler au téléphone pour te dire que…

— Tais-toi donc, tu as essayé de m’appeler ! Si tu avais essayé, tu m’aurais retrouvé.

一 Parle moins fort, veux-tu ? Il est inutile que les gens…

— Les gens, je m’en fous !