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IX

rupture

Il n’était pas très loin d’une heure du matin. Dans Saint-Albert silencieuse et endormie, à hauteur du cimetière, l’auto de René Lamarre doubla un énorme camion et ralentit pour ne pas écraser deux chiens en goguette.

— Nous arrivons, dit Lamarre, troublant ainsi un silence qui durait depuis au-delà de dix minutes.

— Bob va être dans une colère bleue, pensa tout haut Ninette.

— Bah ! vous lui direz que c’est de ma faute. Je ne pouvais pas prévoir que le patron me demanderait d’assister à l’avant-première d’un film et…

— Je ne vous fais pas de reproches, monsieur Lamarre. Je suis tellement heureuse du résultat de notre démarche !

— Martin a été très chic ; il ne s’est pas fait prier longtemps.

— Il a été charmant à tous points de vue !

L’auto s’arrêta. Ninette était devant chez elle. Elle tendit la main à son compagnon.

— Encore une fois, dit-elle, je ne sais comment vous remercier.

— C’est très simple, ne me remerciez pas.

— Votre ami m’a rendu toute ma confiance.

— Et croyez bien que quand il vous a promis de gagner le procès, ce n’était pas pour vous faire plaisir, c’était parce qu’il était persuadé du succès.