— Té ! tu vois, Bob, tu vois ! Voilà que j’ai oublié d’acheter de l’huile d’olive à présent ! Ah ! bonne mère ! Je l’avais bien dit que cette satanée politique allait me faire négliger mes affaires ! Pas d’huile d’olive dans la maison ! Ça, par exemple, ça dépasse tout ! Il n’en faut pas plus pour me déshonorer !
Et Gaston, les bras au ciel, se précipita vers la cuisine. Bob leva les yeux vers la pendule ; il était six heures vingt-cinq.
La porte s’ouvrit et Suzanne entra.
— Bonsoir Bob.
— Bonsoir Suzanne.
— Tout seul ?
— Tout seul pour l’instant oui, mais pas pour longtemps.
— C’est ce que tu penses.
— Comment, c’est ce que je pense ?
— On peut s’asseoir ?
— Mais… mais oui, Suzanne, naturellement ; seulement…
— Oh ! sois tranquille, il n’y a aucun danger que ta blonde te dise quelque chose. D’abord, elle ne nous verra pas.
— Ah ! Et pourquoi s’il te plaît ?
— Parce que… parce qu’il me semble qu’elle peut difficilement être à la fois à Saint-Albert et à Montréal.
— À Montréal ?
— Tu ne savais pas ?
— Je ne savais pas quoi ? Allons, explique-toi ! Où veux-tu en venir ?
— Ninette ne t’a pas dit qu’elle allait à Montréal avec monsieur Lamarre ? Oh ! excuse-moi, Bob, j’aurais mieux fait de me taire. Disons que… disons que je n’ai rien dit, veux-tu ?