nible, et je vous demande de me pardonner mon audace. Voyez-vous, ce qui me décide à m’immiscer ainsi dans votre vie privée, c’est la conviction que j’ai de pouvoir vous rendre service.
Que le gérant s’écoutât parler, rien n’était plus évident : il était même certain qu’il y prenait un plaisir extrême.
— Je n’en doute pas, monsieur Lamarre, dit Ninette pour dire quelque chose.
— Votre frère, si je ne me trompe, doit subir son procès dans quelques jours et, si mes renseignements sont exacts, vous ne lui avez pas encore choisi de défenseur.
— Non, monsieur Lamarre, non évidemment, puisque nous espérons bien, avant le jour du procès, avoir retrouvé le véritable propriétaire de l’arme.
— Je comprends, je comprends parfaitement et je souhaite de tout cœur que… que le sergent Gendron parvienne à retrouver l’individu qu’il cherche ; mais avez-vous songé, ma chère Ninette, à la possibilité d’un échec ? Avez-vous pensé que si le sort voulait que le propriétaire du revolver reste introuvable, le cas de votre frère serait plutôt mauvais et qu’il serait alors fort sage de pouvoir le faire défendre par un bon avocat ?
— Vous avez certainement raison, monsieur Lamarre, répondit Ninette, frappée par la justesse du raisonnement.
— Et je ne crois pas me tromper, reprit-il, en disant que ce n’est pas à Saint-Albert que vous trouverez un défenseur assez rompu aux ficelles du métier pour pouvoir mettre toutes les chances de son côté, c’est-à-dire du côté de votre frère.
— Peut-être, monsieur Lamarre, mais aller chercher un avocat à Montréal, et surtout un avo-