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RUE PRINCIPALE

conciliant. Ninette n’a rien à craindre pour sa position.

— Je l’espère bien ! Manquerait plus rien que ça, bout de peanut !

— Enfin, elle n’a rien à craindre… tant que ces lettres là ne seront adressées qu’à moi. Évidemment, si elles se multipliaient et si elles étaient adressées directement au grand patron de Montréal, ça pourrait devenir plus grave.

Tout en disant cela, le gérant avait déchiré les deux lettres anonymes en de multiples fragments qu’il avait négligemment jetés au panier.

— Faudrait tout de même pas, dit Cunégonde, que vous parliez de ça à Ninette. Elle a déjà bien assez de chagrin sans ça.

— Voyons, mademoiselle Décarie, vous savez bien que je ne suis pas homme à faire de la peine à une jeune fille, quand il y a moyen de faire autrement.

***

Quelques heures plus tard, à l’endroit où il avait fait asseoir Cunégonde, M. Lamarre faisait asseoir Ninette.

— Ma chère enfant, lui dit-il, j’ai pour principe — et je crois qu’il est excellent — de me mêler le moins possible des affaires d’autrui. Si j’y déroge, cet après-midi, croyez bien que c’est à cause de l’intérêt que je vous porte et qui est beaucoup plus grand que vous ne pourriez l’imaginer.

Sans trop bien savoir pourquoi, Ninette se sentit inquiète. C’était sans doute la solennité du préambule.

— Mademoiselle Lortie, poursuivit Lamarre, je sais que le sujet que je vais aborder vous est pé-