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RUE PRINCIPALE

— Non, Bob, je n’ai rien senti du tout.

À ce moment là seulement, Ninette s’aperçut qu’il avait un œil horriblement tuméfié.

— Mon pauvre petit, dit-elle. Ton œil !…

— Oh ! ça ne fait rien ça, répondit Marcel. Un œil noirci, ça s’arrange tout seul.

Puis, se tournant vers Langelier :

— Et vous savez, ce n’est pas moi qui ai frappé le gars sur la tête, non plus. D’abord, je n’ai pas eu de bouteille en main pendant tout le temps que ça a duré ; et puis, je ne l’ai même pas vu quand il a été assommé. Je n’étais pas près de lui.

— On verra ça plus tard, répliqua le chef de police. Pour le moment, je t’avoue que l’histoire du revolver m’embête saprement plus que l’histoire du coup de bouteille.

— Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, Monsieur Langelier ? Je n’ai jamais eu de revolver de ma vie.

Bob avait pris l’arme et s’était approché de la croisée pour l’examiner en pleine lumière.

— En tout cas, chef, dit-il, je peux vous assurer une chose : ce revolver là n’a pas servi ce soir.

— Je le sais bien ! J’ai vérifié.

— Vous allez le laisser rentrer à la maison avec moi ? demanda Ninette.

— Oui, monsieur Langelier, laissez-moi partir ! Je ne me sauverai pas. Ça, je vous le promets !

— Je voudrais bien, Marcel, je voudrais bien ! Mais ça ne m’est pas possible. Je ne peux pas faire ça.

Résigné, Marcel baissa la tête. Bob intervint :

— Je me porterais volontiers garant pour lui, chef, si vous vouliez le laisser sortir sous caution.

Le chef parut surpris de l’intervention.