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LES LORTIE

midi, ou demain s’il ne peut pas aujourd’hui. Vous savez où j’habite ?

— Oui, l’ancienne maison des Dubreuil.

— Tout juste. J’ai quelque chose comme dix mille volumes qu’il s’agit de sortir de leurs caisses, de placer sur les rayons que j’ai justement commandés ce matin au menuisier, et de cataloguer par auteur, par genre etc… C’est un travail qui, pour être bien fait, prendra certainement six mois. Pensez-vous que ça plaira à votre frère ?

— Mais… mais naturellement ! Je suis sûre qu’il sera ravi !

***

Marcel s’apprêtait à sortir lorsque la porte s’ouvrit. Ninette entra en tourbillon.

— Marcel !… Marcel ! Tu es là ?

— Tu le vois bien.

— Figure-toi que je t’ai trouvé une place !

— Une place, répondit-il froidement, laquelle ?

— C’est tout une histoire. J’étais allée donner à manger aux canards du parc et… mon Dieu que je suis essoufflée ! Et… j’ai rencontré Monsieur Bernard.

— Connais pas.

— Mais oui, le vieux monsieur qui habite l’ancienne maison des Dubreuil.

— Ah ! oui, j’en ai entendu parler. Un vieux fou qui vit tout seul, comme un ermite.

— Ne dis pas ça, Marcel ! Il est si gentil.

— Peut-être bien. Et alors ?

— Nous nous sommes mis à causer. Il m’a demandé ce que je faisais. Je lui ai dit que j’avais un frère et…