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LES LORTIE

fications proposées de part et d’autre, reçut l’assentiment général.

***

Il n’était guère loin de minuit lorsque Ninette, Bob, Marcel et Gaston sortirent de chez monsieur Bernard. Les trottoirs de Saint-Albert ne sont pas précisément larges et, lorsqu’il a neigé, se trouvent encore considérablement rétrécis. C’est pourquoi il ne fallait pas songer à marcher quatre de front. Marcel et Gaston prirent les devants, Bob et Ninette les suivirent à une vingtaine de pas. Et tandis qu’entre le restaurateur et son jeune compagnon, la conversation se faisait sans effort, Ninette et Bob marchaient en silence. Bob finit cependant par parler.

— Décidément, dit-il, quand nous ne nous trouvons que nous deux, nous n’avons pas l’air très intelligents.

— C’est exactement ce que je pensais.

— Tu ne trouves pas que ça a suffisamment duré ?

Elle ne répondit pas. Pendant quelques instants, Bob sembla préoccupé de régler son pas sur le sien. Sous leurs pieds, dans l’air sec de la nuit, la neige écrasée gémissait bruyamment.

— Tu sais bien, reprit Bob, que mes sentiments à ton égard n’ont pas changé.

— Comment veux-tu que je le sache ?

— Le seul fait que je te le dise, le seul fait que je te demande d’oublier tout ce qui a pu se passer de désagréable, prouve bien, il me semble, que je n’ai pas… enfin que… que je tiens encore à toi, pas vrai ?

— Et Suzanne ?

— Comment ça Suzanne ?