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LES LORTIE

— Simonne ne sait rien.

— Vous ne lui avez rien dit encore ?

— Non. J’ai pensé qu’il valait mieux pas. J’ai eu peur que, sous le coup de l’émotion, elle ne commette quelqu’imprudence. C’est d’ailleurs pour ça que ce soir, je me suis arrangé pour qu’elle n’assiste pas à notre entretien.

— Pour en revenir à Suzanne, fit Marcel, je doute fort, mon pauvre Bob, qu’elle t’ait remis ce testament uniquement dans le but de faire une bonne action. Elle ne doit avoir vu là qu’un moyen de se venger de Sénécal.

— C’est possible, répliqua Bob, mais ce n’est pas sûr. Elle avait l’air sincère, hier soir, lorsqu’elle m’a dit qu’elle regrettait le mal qu’elle pouvait avoir fait. D’ailleurs, si peu excusables que soient ses actions, vous avouerez que ça ne suffit pas pour qu’on expose sa vie.

Ninette eut un sourire qui trahissait nettement son incrédulité.

— Crois-tu, dit-elle, que sa vie soit réellement en danger ?

— Il est évident, ma chère petite, fit Gaston, que Sénécal est une royale crapule, capable de tout !

— Bref, reprit Bernard, je l’ai dit et je le répète, il faut mettre Sénécal hors d’état de nuire avant qu’il sache d’où viennent les coups.

— Pourquoi ne le faites-vous pas arrêter immédiatement ? proposa Ninette. Une fois en prison il ne pourra certainement pas faire de mal à Suzanne.

— Une fois en prison, dit Bob, il racontera tant de choses que Suzanne ira probablement le rejoindre.

— Ce qu’elle n’aurait pas volé, conclut Marcel.