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RUE PRINCIPALE

— Voyons, chef, ma blonde !… Vous savez aussi bien que moi que… que si je sors avec elle, c’est parce que… parce que ça passe le temps, et puis aussi parce que, surtout depuis l’autre soir, quand j’ai trouvé dans mon char ce billet signé par Jeannette et qui ne pouvait qu’y avoir été perdu par elle, je me suis dit que…

— Correct, correct, interrompit Langelier, protestez pas tant. Dites-moi plutôt ce que Sénécal et la petite Legault pouvaient avoir à se raconter.

— Des choses assez surprenantes, répondit Bob. Et il entreprit de faire le récit de la conversation surprise par Marcel et Suzanne. Langelier l’écouta sans mot dire. Quand il eut terminé, il remarqua simplement :

— Pourquoi est-ce que Marcel vous a pas dit ça plus tôt ?

— Ah ! ça, chef, je n’en sais rien. Il avait peut-être de bonnes raisons pour ne rien dire ; et j’ai comme qui dirait l’idée que ces raisons-là, c’est ce qu’il va venir vous exposer tout-à-l’heure.

À ce moment, la sonnerie du téléphone fit entendre ses aigres vibrations. C’était le planton de service qui annonçait l’arrivée de messieurs Julien Bernard et Marcel Lortie.

Deux minutes plus tard, le chef Langelier avait trois visiteurs installés en face de lui. Quand donc trouverait-il le temps de s’assurer des résultats du plongeon désespéré du triste héros de son roman ?

— Monsieur Langelier, dit monsieur Bernard, lorsqu’il fut évident que chacun avait terminé ses salutations, monsieur Langelier, vous avez toujours été de ceux qui croyaient à l’innocence de Marcel, dans l’affaire Sénécal.

— Certainement.