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RUE PRINCIPALE

— Oh ! s’empressa de reprendre Lamarre, je sais ce que vous allez me dire : vous allez prétendre que c’est impossible.

— Non seulement je vais le prétendre, mais je le pense !

Il haussa les épaules et ajouta :

— Il y a tant de choses qui paraissent difficiles et qui s’arrangent pourtant très bien quand on le veut.

— Vous croyez ?

— Mais oui voyons ! Je suis sûr que vous songez à l’impossibilité de quitter le théâtre pendant quinze jours.

— Il n’y a pas que ça.

— Non peut-être, dit-il, il n’y a pas que ça. Mais enfin il y a ça ; et justement c’est là un obstacle qui n’existe pas. Je mets une remplaçante à votre place, et c’est tout !

— Je regrette, fit Ninette plutôt sèchement, mais ça n’arrangerait rien. Il y a d’autres raisons qui m’empêchent d’accepter votre invitation.

— D’autres raisons ? s’étonna-t-il. Ah ça, évidemment, si vous vous mettez à en chercher !

— Je n’ai pas besoin d’en chercher. Elles se présentent très bien d’elles mêmes.

— Voyons, plaida-t-il, ça ne vous ferait pas plaisir un beau voyage ? New-York est la plus grande ville du monde. Vous y verrez des choses splendides, des théâtres magnifiques, des spectacles extraordinaires…

— Je n’en doute pas.

— Vous vous y amuserez follement !

— Peut-être.

— Mais alors, pourquoi ne dites-vous pas oui tout de suite ?

— Parce que… parce que je dis non.