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RUE PRINCIPALE

Les trois mille piastres que ma mère avait reçues étaient bien loin de représenter sa part d’héritage.

— En effet.

— En plus de ça, Léon Sénécal avait fait quelques petites affaires qui n’étaient pas trop droites, et grand-père avait fait, lui, un testament par lequel il ne lui laissait que mille piastres, et par lequel il léguait le reste à ma mère, pour ma sœur et pour moi. Vous comprenez ?

— Parfaitement, dit monsieur Bernard ; c’est très clair.

— Et quand grand-père est mort, on n’a jamais retrouvé ce testament-là.

— Vous êtes bien sûr qu’il existait ?

— Certainement ! Grand-père me l’a montré quelques mois avant sa mort. Je crois que c’était le Jour de l’An au matin.

— Et naturellement, dit Marcel, tu penses que c’est ton oncle qui l’a fait disparaître.

— J’en suis aussi sûr que j’existe !

— Voilà, dit monsieur Bernard, un méfait qu’il serait difficile de prouver.

— C’est possible, reprit André, mais ça n’empêche que, quand j’ai vu qu’on était mal pris chez nous, quand j’ai vu Sénécal refuser d’aider ma mère, je me suis décidé… à faire ce que vous savez.

— J’aurais probablement fait la même chose, moi ! s’exclama Marcel.

— Oui, dit monsieur Bernard, mais au point de vue de la loi, c’est quand même un vol à main armée.

André baissa la tête.

— Je sais, dit-il. Après ce que Marcel a fait hier soir, je ne peux agir que d’une seule façon.