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XXIII

au feu !

Le soir même, Marcel et monsieur Bernard se promenaient dans la campagne, entre la ville et le grand bois, de l’autre côté du chemin de fer. Le temps était sec, juste assez froid pour donner aux promeneurs l’envie de marcher d’un bon pas.

Marcel venait de raconter comment Cunégonde, inflexible, avait refusé de retirer sa plainte, et comment Jules Lanctôt avait dû se résigner à se laisser conduire au cachot. Le récit de la scène qui avait eu pour théâtre, le jour même, le bureau du chef de police, avait pris en passant par la bouche de Cunégonde d’abord, par celle de Marcel ensuite, un tour vaudevillesque qui avait beaucoup amusé le vieillard.

Puis, la conversation avait pris un tour politique. Ce pauvre Gaston avait eu, la veille, des émotions dont il se souviendrait. Messieurs les électeurs avaient déposé leur bulletin dans les boîtes scellées et, malgré tous les espoirs permis par la campagne, Héliodore Blanchard avait été réélu.

— Évidemment, prétendit Marcel, il l’a été parce que ses organisateurs se sont arrangés pour faire voter les morts et les absents ! Et encore ! Une majorité de treize voix pour Blanchard, on peut considérer ça comme une victoire morale pour Gaston !

— Disons, si tu le veux bien, répondit monsieur Bernard, que c’est une défaite honorable. Sais-tu si Gaston va entreprendre des procédures en contestation ?…