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LES LORTIE

Jules baissa la tête.

— Ben oui, monsieur Gendron, ben oui, je l’admets. Faut bien.

La voix de Bob se fit sévère :

— Ça suffit pour prouver l’accusation de faux prétextes et vous faire attraper deux ans, ça.

— Deux ans, s’étonna Cunégonde. Pas plus que ça ?

— Deux ans ! gémit Jules Lanctôt, je n’en sortirai jamais vivant.

Et Cunégonde d’ajouter, avec une froide cruauté :

— Je l’espère bien, bout de peanut.

— Avec mes lésions au cœur, expliqua Lanctôt, puis mes pierres dans le rein, puis ma dilatation d’estomac, comment voulez-vous que je résiste à deux ans de prison ?

Mais Bob, que ces lamentations ne semblaient guère émouvoir, continua son exposé :

— Quelques jours plus tard, vous avez emprunté une somme de quatre cents dollars, pour vous permettre l’achat d’une automobile, que vous disiez pouvoir revendre le lendemain avec un bénéfice considérable.

— Oui, monsieur le détective, larmoya Lanctôt.

— J’espère, reprit Bob, que vous ne ferez aucune difficulté pour avouer que l’automobile en question n’a jamais existé, et que la transaction commerciale était aussi imaginaire que votre ami de Saint-Jean d’Iberville.

— Non mais j’ai-t’y été bête, s’écria Cunégonde, j’ai-t’y été bête !

— Vous ne répondez pas ? dit Bob à Lanctôt.

Comme le pauvre diable restait silencieux, littéralement écrasé, le policier reprit :