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LES LORTIE

— C’est ben simple, bout de peanut ! Je vas mettre la police à ses trousses ; je vas le faire arrêter et pas plus tard qu’aujourd’hui ! Puis si ça dépend rien que de moi, il aura des poils blancs dans la barbe le jour où il sortira de prison ! Et je vous dis rien qu’une chose, c’est qu’à partir d’aujourd’hui, je prête plus une cent, pas même à ma propre sœur ! Si j’en avais une !

***

Cunégonde tint parole. Elle porta plainte, et le chef Langelier demanda aussitôt à la sûreté municipale de Montréal d’opérer l’arrestation de Jules Lanctôt, ce qui fut fait avec tant de célérité, qu’à quatre heures de l’après-midi, le même jour, le beau Jules était amené à Saint-Albert et, dans le bureau du chef de police, mis en présence de la plaignante. En l’absence du chef, c’était Bob qui présidait la confrontation.

— Voyons, monsieur Gendron, voyons donc, ne cessait de répéter le prisonnier, c’est pas sérieux cette histoire-là ? J’ai rien fait de mal, moi !

Et même quand Bob lui eut lu la plainte signée par Cunégonde, dans laquelle il était bel et bien accusé d’escroquerie, ou pour employer le terme judiciaire exact, d’obtention d’argent sous faux prétextes, il répéta encore :

— J’ai rien fait de mal, voyons, j’ai rien fait de mal.

— Rien fait de mal ? rugit Cunégonde. Rien que la lettre que j’ai reçue aujourd’hui, ça vaut cinq ans de prison et dix coups de fouet !

— Je vous demande pardon, interrompit Bob, mais la lettre que vous avez reçue ce matin n’a pas grand chose à voir avec le sujet de la plainte. Vous avez accusé Jules Lanctôt, ici présent, de