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LES LORTIE

pas croire que tu l’aimes ! Tu ne me feras pas croire que tu l’aimes plus que, ben… que j’aime Suzanne, moi.

— Parlons-en de Suzanne !

— Ben oui, Suzanne ! Oh ! t’en fais pas, Ninette, je la connais. Je la connais aussi bien que toi. Puis si tu veux le savoir, si j’ai recommencé à sortir avec elle, c’était parce que je pensais que… parce que j’espérais que ça te rendrait jalouse un petit peu, et puis que…

— Je ne voudrais pas te faire de peine, Bob, mais ça ne m’intéresse pas du tout ce que tu me dis là.

— Ah !

— Non ça ne m’intéresse pas. Et je ne pense pas que, jamais, quoi que tu puisses faire, quoi que tu puisses dire, Je puisse oublier ce que tu m’as fait. En somme, tu vois, tu as tort d’insister.

Elle fit un pas vers la porte. Bob en fit trois pour lui barrer la route.

— Voyons, Ninette, dit-il ça n’est pas possible ! Pendant plus d’un an, tous les jours, plusieurs fois par jour, nous avons cherché à multiplier les occasions de nous voir. En dehors de mon travail, je n’ai vécu que pour toi ! Et encore ! Quand je travaillais, eh bien, mon Dieu, je travaillais en pensant à toi. Toi, de ton côté, tu m’as donné plus d’une preuve de ton affection. Et puis là, tout d’un coup, pour rien, pour une petite bêtise, tu voudrais que…

— Petite bêtise !

— Mais oui, petite bêtise ! Tu ne t’imagines pas, Ninette, que c’est la première fois qu’un homme agit exactement comme j’ai agi, dans des circonstances semblables ?