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LES LORTIE

ra. Elle le reçut assez aimablement, quoiqu’elle parut étonnée de sa visite.

Il lui en expliqua les motifs, ne fit aucune difficulté pour admettre qu’il jouait, en venant la voir, son tout dernier atout ; mais fut bien obligé, lorsque Ninette lui eut répété tout ce qu’elle savait, d’avouer qu’il ne lui restait plus le moindre espoir.

— Vois-tu, expliqua-t-il, je ne me suis jamais trouvé devant une absence aussi complète de données pour résoudre un problème. Si peu de choses que nous ayons quelquefois, pour servir de point de départ à nos recherches, nous avons quand même généralement une base quelconque : des empreintes digitales, un vague signalement, un racontar ou une petite trahison. Mais ici il n’y a rien, rien du tout, à part le poison dont il est impossible de découvrir la provenance.

— Je comprends, Bob. D’ailleurs, tu sais, depuis au-delà d’une semaine, il ne s’est plus rien passé d’anormal ici. Je me demande si, au fond, il ne vaut pas mieux qu’on oublie toute cette affaire le plus tôt possible.

— Peut-être Ninette, mais je ne peux pas m’empêcher d’être inquiet à ton sujet. Il ne s’est rien passé d’anormal ici depuis l’affaire de la bouteille de lait, parce qu’on se doute probablement que nous avons organisé, autour de Marcel et toi, une surveillance étroite ; parce qu’on vous sait protégés. Mais j’ai bien peur que lorsqu’on saura que la surveillance s’est relâchée, que la protection a disparu, on ne revienne à la charge. Si jamais il devait t’arriver quelque chose, je te jure que je ne me pardonnerais pas de ne pas avoir réussi à écarter le danger.

— Ça ne serait pas de ta faute, Bob. Je suis persuadée que tu as fait tout ton possible.