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XX

où, après avoir parlé d’une grande assemblée contradictoire, on en tient une petite qui finit mal


Dans les villages et les villes de province de la plupart des pays du monde, les pays catholiques s’entend, la sortie de la grand messe est, sans contredit, le moment le plus mondain de la semaine. C’est l’heure où ces dames potinent et où ces messieurs discutent. Aussi n’est-il pas étonnant que ce soit, pour les établissements publics situés à proximité de l’église, l’heure lucrative par excellence.

Saint-Albert n’échappe évidemment pas à la règle ; et l’assez vaste magasin de Léon Sénécal, le tabacconiste, y était, à l’époque où se déroulaient les événements qui font l’objet de ce récit, le rendez-vous dominical d’une partie de la population mâle. Mais, quand Louis Beaupré, le portier du cinéma Agora, y pénétra ce dimanche-là, le magasin était désert. Il faut dire que Louis avait quitté la messe pendant le sermon, en faisant le moins de bruit possible. Oh ! ce n’était pas que ce pauvre Louis manquât véritablement de piété ; mais pour une nature lymphatique comme la sienne, rester une heure debout, au fond de l’église, était du domaine des supplices insupportables. D’autant plus que, comme il le dit à Léon Sénécal sitôt entré dans le magasin :

— C’est ben fatigant, barre de cuivre, d’écouter un long sermon de même, quand on est tout