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LES LORTIE

vérole ! Et c’est de ma faute, monsieur Bernard, rien que de ma faute ! Parce que, suivez bien mon raisonnement, si je ne m’étais pas entêté, elle n’aurait jamais fait la connaissance du sapeur, vu que ce dernier était l’ami du sergent de ville ! Et vous voyez donc que…

Mais la dissertation n’alla pas plus loin. La porte s’était ouverte, livrant passage à Bob, tandis qu’un client réclamait le patron à grands cris.

— Quoi de neuf ? demande monsieur Bernard dès que Bob fut assis.

— J’ai le résultat de l’analyse ; le lait était bel et bien empoisonné.

— Arsenic ?

— Non, chlorhydrate d’apomorphine.

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

— Il parait qu’en médecine ça s’emploie comme vomitif. Toujours est-il qu’on a ajouté, à la bouteille de lait, de quinze à vingt milligrammes de chlorhydrate d’apomorphine, ce qui est une dose suffisante pour tuer un chat en quelques minutes, mais beaucoup trop minime pour tuer une personne adulte.

— Tu veux dire que si Ninette avait bu le lait…

— Elle aurait été bien malade, mais elle n’en serait pas morte.

— Mais alors, s’écria, monsieur Bernard, il faut écarter l’hypothèse de la tentative d’assassinat !

— Probablement, quoiqu’il soit encore possible que celui qui a ajouté la drogue au lait, ait cru que la dose était suffisante pour tuer. De toute façon, la police provinciale s’est saisie de l’affaire et une enquête serrée sera faite.