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LES LORTIE

vint même pas les propriétaires de la bête. Le jeune policier s’en fut à Montréal faire analyser le contenu de la bouteille suspecte.

Et ce soir-là, vers huit heures, dans le restaurant qui commençait à se vider. M. Bernard et Gaston Lecrevier parlaient politique.

La campagne se poursuivait assez normalement ; Gaston était optimiste sur l’issue de la lutte et, de ce côté en somme, il n’y avait rien de bien extraordinaire à signaler. Tout naturellement, on en vint à parler des amis communs. Gaston, qui avait pour Bob et Ninette une amitié déjà longue, déplorait l’entêtement que mettaient les jeunes gens à ne pas vouloir se réconcilier. Une chose surtout l’inquiétait : c’était l’attitude adoptée depuis quelques jours, aussi bien par Ninette que par Bob.

— Comment voulez-vous que ça s’arrange cette affaire-là, monsieur Bernard ? Entre vous et moi, peuchère ! on dirait qu’ils font exprès de brouiller les cartes ces deux enfants-là ! Voilà trois ou quatre fois que Bob vient dîner ici, le soir, en compagnie de cette petite pas grand chose de Suzanne Legault ! Et ça fait certainement autant de fois que Ninette vient, elle, en compagnie de cette espèce de pommadé de Lamarre !

— Oui, répondit monsieur Bernard, je sais, mon cher Gaston. Ninette et le gérant de l’Agora semblent de plus en plus se plaire ensemble. Quant à Bob, je suis sûr que s’il se montre avec Suzanne Legault, c’est tout simplement pour ne pas demeurer en reste, car je suis persuadé que ça ne l’amuse pas outre mesure.

— Eh oui, reprit Gaston, peut-être que ça ne l’amuse pas, ce garçon ; mais si mon opinion en la matière vous intéresse, je vous dirai qu’à mon sens le petit jeu qu’il joue parallèlement à celui qu’elle joue elle, Ninette, est loin d’être fait pour arran-