Et ce baiser lui parut un défi jeté au monde entier !
Une heure après, Marcel rentrait chez-lui en sifflant un fox-trot à la mode. Comme pour l’accueillir, la sonnerie du téléphone retentit.
— Allô ? Merci, merci beaucoup ? Vous êtes tout à fait charmant ! Que le diable vous emporte !
Comme il raccrochait, Ninette sortit de sa chambre.
— Qu’est-ce que c’était, demanda-t-elle.
— Oh ! pas grand chose. Des injures, encore des injures, toujours des injures !
Il se remit à siffler.
Ninette n’en croyait ni ses yeux ni ses oreilles.
— Voyons, dit-elle, que se passe-t-il ?
— Ce qui se passe ? Tiens, j’ai oublié de te montrer ça. Regarde ! Deux belles petites lettres : une qui est arrivée tout à l’heure chez monsieur Bernard, une autre que je viens de trouver sous la porte. La deuxième, je ne l’ai même pas ouverte. Ça ne m’intéresse pas !
Ninette comprenait de moins en moins.
— Assieds-toi donc une minute, veux-tu ? dit-elle.
— Certainement, ma chère sœur, certainement !
Seulement je te préviens que je suis plutôt pressé.
— Tu sors ?
— Je sors !
— Et pourrait-on savoir où tu vas ?
— Je vais danser.
— Tu vas danser !
Devant l’air ahuri de sa sœur, Marcel se sentit transporté d’allégresse. Il éclata d’un rire clair, sonore ; ce rire plein de jeunesse et d’insouciance que Ninette n’avait plus entendu depuis des se-