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LES LORTIE

ce qu’ils fussent sortis du flot des fidèles quittant le temple, ils marchèrent en silence.

— Eh bien, dit monsieur Bernard, qu’est-ce que vous avez à me dire de si grave ?

— C’est Marcel qui m’inquiète, répondit Ninette. Il ne vous a parlé de rien ?

— Non. À quel propos ?

— Eh bien à moi, monsieur Bernard, depuis vendredi matin, voilà quatre ou cinq fois qu’il me parle de quitter Saint-Albert.

— De quitter Saint-Albert ?

— Vous savez, bien des gens sont plus portés à croire Sénécal que Marcel. Un peu partout on le regarde de travers. Il y en a même qui lui tournent le dos. Vous comprenez qu’il souffre de cette situation-là.

— Oui, évidemment. Mais il aurait tort de partir. Une fuite dans des circonstances comme celles-ci, ce serait presqu’un aveu.

— C’est ce que je lui ai dit. Je lui ai même dit qu’au contraire, il fallait qu’il s’efforce de ne pas paraître affecté, et qu’un jour la vérité finirait bien par être connue. Seulement, la police n’a plus l’air de s’occuper de l’affaire Sénécal, et il semble bien que jamais on n’arrêtera le coupable. Dans ce cas-là, comment voulez-vous que l’innocence de Marcel soit prouvée ?

— Possible, Ninette, mais ne pourrait-on pas réussir, je ne sais pas exactement comment, à convaincre Sénécal qu’il s’est trompé et à lui faire reconnaître son erreur publiquement ?

— Je ne le pense pas.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il y a une chose que vous ne savez pas, monsieur Bernard. Pendant des mois et des mois, Léon Sénécal m’a fait la cour. Il a tout