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LES LORTIE

t’ai dit qu’il n’y avait et puis, à quoi bon reparler de tout ça ?

— Tu trouves que ça n’en vaut pas la peine ?

— Ce n’est pas ça, Bob, mais c’est inutile. Tu es parti, tu m’as dit que tu ne reviendrais pas. Pendant cinq jours tu as fait comme si je n’existais pas…

— Ça fait ton affaire, je suppose ! Tu es contente d’être débarrassée de moi !

— Tu ne me feras pas dire des choses que je ne veux pas dire. Seulement, que veux-tu ? ce qui est fait est fait, et je crois franchement que ça vaut mieux comme ça.

Et comme Bob, les dents serrées, le regard mauvais, ne répondait pas, elle ajouta :

— Et maintenant, conduis-moi chez Gaston, je suis plutôt pressée.

— Tu sors ce soir ?

— Oui, Bob, je sors.

— Avec Lamarre ?

— Je pourrais te dire que tu es indiscret, mais j’aime mieux être franche avec toi. Oui, oui je sors avec monsieur Lamarre.

Rageur, il appuya sur l’accélérateur. Pendant quelques minutes, ce fut une course folle, qui fit pâlir Ninette. Elle ferma les yeux, pour ne plus voir la danse effrénée des poteaux. Calmé, Bob releva le pied, la voiture ralentit. Comme si rien n’était venu interrompre la conversation, il reprit :

— Celui-là, Ninette, je te dis qu’il fait mieux de faire attention à lui, parce qu’un de ces jours…

Une fois encore, le pied de Bob pesa plus lourdement et la voiture bondit.

— Je t’en prie, Bob, il est inutile de recommencer à faire une scène. Et puis, est-il bien nécessaire